La tourmente financière vue d’un paradis fiscal

Jeudi 4 décembre 2008 — Dernier ajout vendredi 27 mars 2009

Chronique des jours ordinaires à Jersey

La tourmente financière vue d’un paradis fiscal

Allemagne, Chine, France, Inde, Russie, Royaume-Uni : les gouvernements annoncent des plans pharaoniques destinés à enrayer la récession. Déboussolés, les marchés financiers multiplient les mouvements erratiques. Encore marginalisé il y a peu, l’Etat redevient le premier acteur de l’économie. Au point de provoquer une mise en garde de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) : « Si un constructeur fait faillite, les acheteurs iront voir la concurrence : il n’y a pas là d’effet de contagion », a ainsi expliqué son économiste en chef, M. Klaus Schmidt-Hebbel. Mais, quand il s’agit des banques, la règle de l’OCDE ne s’applique plus… Après le renflouement de Citigroup et l’annonce par Washington, le 25 novembre, d’une nouvelle perfusion de 800 milliards de dollars, les sommes mobilisées par les seuls pouvoirs publics américains pour soutenir l’activité ou garantir des actifs avoisinent 8 500 milliards de dollars. Une fraction aboutira sur les comptes d’établissements domiciliés dans des paradis fiscaux. Là où, malgré les gesticulations des responsables politiques, les grandes entreprises ne connaissent pas la crise…

Par Olivier Cyran

« Eliminer les paradis fiscaux ? Oui, j’en ai entendu parler à la BBC [British Broadcasting Corporation]. Il paraît que votre président est très remonté. Eh bien, si vous trouvez une seule personne par ici qui prenne sa menace au sérieux, soyez gentil, vous me la présentez ! » Dans un rire saccadé, le col blanc écrase son mégot et s’engouffre dans sa ruche. Sur le marbre de l’entrée, une cinquantaine de plaques dorées comme des sous neufs identifient les maîtres des lieux : cabinets comptables, agents de change, avocats d’affaires, administrateurs de sociétés-écrans… L’ingénierie de l’évasion fiscale a envahi tout le front de mer de Saint-Hélier, capitale de Jersey, une coulée de béton offshore flanquée de falaises qui plongent dans la brume. Sur les quatre-vingt-dix mille habitants de la petite île anglo-normande, ils sont plus de douze mille à travailler pour la finance, soit un quart de la population active.

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