Birmanie : enfer TOTAL…

Mardi 15 mai 2007 — Dernier ajout vendredi 22 juillet 2011

Birmanie : enfer TOTAL…

Témoignage chrétien, 27/06/1999 (Solomon KANE) : « [La junte birmane, le SLORC], avait, dès 1992, octroyé à un consortium de compagnies pétrolières une concession d’exploitation de gaz offshore dans le golfe de Martaban. […] La plate-forme est reliée à la côte birmane par un gazoduc sous-marin de 400 kilomètres de long […] [puis] le pipe-line traverse alors le Tenasserim sur près de 80 kilomètres jusqu’à […] [la Thaïlande].

Total est le principal actionnaire et l’opérateur de ce projet de 1,2 milliard de dollars […] avalisé par la Coface. […]

Dans le Tenasserim, […] la hausse subite d’effectifs militaires [à 10 000 hommes] a engendré une véritable explosion de cas de violations des droits de l’homme. Un déserteur de l’armée birmane […] raconte comment son unité réquisitionnait les civils dans les villages pour en faire des « porteurs bénévoles » […], bon nombre d’entre eux mourant d’épuisement dans la jungle. […]

Les travaux forcés demeurent […] - au même titre que les viols et exécutions sommaires - une pratique courante en Birmanie. […]

[Total] avait renforcé son système de sécurité en embauchant à des sociétés sous-traitantes trente-cinq mercenaires occidentaux, parmi lesquels cinq anciens officiers de l’armée française chargés de procéder en zone karen à des activités de renseignement pour le compte de l’armée birmane.

Recrutés parmi des « soldats à la retraite » ayant servi dans le onzième Choc et la Légion étrangère, certains de ces « barbouzes » se seraient conduits de manière éhontée durant leur mission. Responsable du dossier de la sécurité, la société OGS avait finalement été remerciée par Total en 1997. […]

La collusion entre les pétroliers et la junte a connu un nouveau tournant dès la fin des travaux de construction du pipe-line. En effet, depuis fin juillet 1998, Total et son partenaire Unocal verseraient mensuellement […] près de 80 000 francs aux commandants des huit bataillons […] chargés de la sécurité des « zones noires ». Fin 1998, des pick-up et des réserves de carburant ont été distribués par Total aux bataillons 373 […] et 282 […]. Parallèlement, plusieurs témoins affirment […] avoir vu des hélicoptères et des camions appartenant à la société française transporter de la nourriture et des munitions aux bataillons 373 et 282. […]

Accusée par quatorze plaignants originaires du Tenasserim, la compagnie californienne Unocal [partenaire de Total] fait […] l’objet d’une plainte selon laquelle "une compagnie américaine s’est rendue coupable de violation des droits de l’homme à l’étranger"… Une première aux États-Unis, qui pourrait faire jurisprudence ».

[La construction de ce pipe-line rappelle fâcheusement celle du Chemin de fer Congo-Océan (CFCO) au début du siècle… La complicité de Total avec l’armée birmane donne une idée de ce qui pourrait advenir si, absorbant Elf, Total assumait avec Exxon le projet pétrolier Tchad-Cameroun. La Banque mondiale lui demandera-t-elle des références ?

La plainte contre Unocal est une bonne réplique. À quand l’équivalent en France ?

Quant au partenaire birman de Total, la Myanmar Oil & Gas Enterprise, c’est, pour la junte, la principale lessiveuse des revenus de l’énorme production d’héroïne.

Dernière remarque : Témoignage chrétien ne compte pas parmi les nombreux médias attributaires de la manne publicitaire liée à l’OPA de Total sur Elf… ].

Extrait de Billets d’Afrique et d’Ailleurs N°73 - août/septembre 1999 -

Billets d’Afrique et d’Ailleurs est la revue mensuelle éditée par Survie.

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