Avec Omar Bongo, c’est un bout de la Françafrique qui disparaît

Lundi 8 juin 2009

Monde 07/06/2009 à 23h36

Avec Omar Bongo, c’est un bout de la Françafrique qui disparaît

L’inamovible président du Gabon est mort hier à 73 ans d’un cancer.

THOMAS HOFNUNG

Extraits d’un article mis en ligne sur le site du journal Libération :

Depuis le décès de l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, fin 1993, il avait repris vaillamment le flambeau d’une « Françafrique » en déclin. Doyen des chefs d’Etat sur le continent, le président du Gabon, Omar Bongo Ondimba, est mort dimanche des suites d’un cancer aux intestins dans un hôpital de Barcelone. Il avait 73 ans, et en avait passé plus de quarante au pouvoir, sans coup d’Etat. Un record.

Propulsé en 1967 à la tête du petit émirat pétrolier du Golfe de Guinée, ce petit homme aux lunettes noires aura connu et fréquenté pas moins de six présidents de la République française. Le dernier, qui avait promis la « rupture » avec des pratiques d’un autre temps et de ténébreux réseaux franco-africains, se rendit sans broncher à Libreville pour son premier voyage en terre africaine, en juillet 2007. Le soir de son élection, Nicolas Sarkozy avait d’ailleurs appelé un seul dirigeant étranger, avant même la fermeture des bureaux de vote, pour le remercier pour ses « conseils » : Omar Bongo.

Ce dernier était loin d’être seulement un serviteur zélé de la « Françafrique ». Bongo était aussi un fin connaisseur de la scène politique hexagonale, qui avait su se rendre indispensable en se créant un réseau d’obligés à Paris, de droite comme de gauche.

Bongo s’est longtemps prénommé Albert-Bernard. Il est né en 1935 dans une famille de paysans du pays batéké, une ethnie minoritaire du sud-est du pays. Après des études secondaires au Congo, il exerce un emploi modeste au sein des postes. Mais ce jeune homme vif et ambitieux est vite repéré par les services secrets français, qui vont l’employer, notamment dans les écoutes téléphoniques. Bob Maloubier, ancien du SDECE, s’occupe de la garde présidentielle après 64. Le Gabon, comme l’a raconté Pierre Péan (1), est alors le repère des barbouzes de tous poils. La garde présidentielle y est composé d’anciens de l’OAS. Paris possède sur place des intérêts économiques statégiques : l’uranium, exploité dans le sud-est par la Comuf (Compagnie d’uranium de Franceville), et bientôt le pétrole.

Lire la suite sur le site du journal Libération.

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