Nouveaux soupçons de corruption pour Total

Mardi 15 mai 2007 — Dernier ajout vendredi 18 mai 2007

Nouveaux soupçons de corruption pour Total

Le pétrolier français aurait versé près de 60 millions d’euros pour un contrat avec l’Iran.

Par Renaud LECADRE

QUOTIDIEN : mercredi 20 décembre 2006

Une information judiciaire a été ouverte lundi par le parquet de Paris, visant le pétrolier Total, soupçonné de « corruption d’agents publics étrangers » en vue d’obtenir un contrat gazier en Iran. Des fonds versés sur un compte suisse, de l’ordre de 60 millions d’euros, auraient pu bénéficier, entre 1996 et 2003, à des proches de l’ancien président iranien Hachemi Rafsandjani. Au départ, la justice helvétique avait saisi son homologue français en vue d’éclaircir ces flux suspects.

Selon l’AFP, une perquisition diligentée fin mars au siège de Total, sur commission rogatoire internationale, aurait fait chou blanc, le pétrolier opposant à cette descente de police la « protection des intérêts fondamentaux de la nation ». En ouvrant une enquête pénale à son propre compte, la justice française se donne les moyens de passer outre.

Elle a été confiée au juge Philippe Courroye, déjà chargé d’une première affaire Total, visant des commissions versées en Irak : en octobre, il a mis en examen son PDG Thierry Desmarest et son dauphin Christophe de Margerie. Dans ce volet sont également visés des fonds versés en Suisse, de l’ordre de 6 millions d’euros, sur une coquille baptisée Telliac, dont les deux tiers ont bénéficié à un intermédiaire libanais, Elias Firzli, proche du parti Baas.

« La structure Telliac a été constituée pour dissimuler les véritables bénéficiaires, elle servait d’écran pour arroser, au final, un certain nombre d’entre eux, a admis un cadre de Total mis en examen. Firzli représentait les officiels irakiens, je pense qu’il leur rétrocédait la plus grande partie de la commission. »

Un avocat de Total admet les commissions versées à l’intermédiaire, 15 cents par baril, mais se défend d’une violation de l’embargo sur l’Irak de Saddam Hussein : « A partir de 2000, la Somo [compagnie pétrolière irakienne, ndlr] a voulu recevoir un complément de prix, en sus de celui fixé par l’ONU, en invitant les acquéreurs à verser ce complément en Syrie ou Jordanie. » Un pur pot-de-vin que Total aurait refusé d’honorer, cessant alors ses achats de pétrole irakien.

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