DCNS a commandité des recherches sur un intermédiaire pour ses commissions d’armement

Mardi 1er décembre 2009

DCNS a commandité des recherches sur un intermédiaire pour ses commissions d’armement

AFP / 27 novembre 2009 20h21

PARIS - La Direction des constructions navales (DCN, devenue DCNS) a commandité « des recherches » sur Jean-Marie Boivin, gérant de sociétés offshore par lesquelles transitaient des commissions sur des contrats d’armements, a affirmé à l’AFP le patron de la société chargée de l’opération. Ancien salarié de DCNI, branche export de DCN, puis consultant de DCNI, Jean-Marie Boivin était le gérant au Luxembourg des sociétés Heine puis Eurolux, par lesquelles ont transité des commissions versées en marge des contrats signés par la DCN.

La question des commissions, voire d’éventuelles rétrocommissions, versées en marge d’un contrat de vente de sous-marins par la DCN au Pakistan en 1994 est au cœur de l’enquête des juges antiterroristes parisiens sur l’attentat de Karachi en 2002, qui fit 14 morts.

Dans ce cadre, Jean-Marie Boivin a été entendu comme témoin par le juge Marc Trévidic le 23 octobre, selon une source proche du dossier. Entre 2004 et 2006, la DCN, en pleine restructuration, veut mettre fin à ses relations avec M. Boivin mais les discussions achoppent sur le montant du solde de tout compte.

La DCN a alors cherché à se renseigner sur M. Boivin, a déclaré à l’AFP Jacques Hogard, patron de la société d’intelligence stratégique Epéé, évoquant des révélations de Charlie Hebdo. "La DCN nous avait demandé de faire des recherches sur Jean-Marie Boivin et d’établir une cartographie de ses sociétés au Luxembourg. Nous avons mandaté Kargus (autre société d’intelligence économique, ndlr) sur cette mission", a-t-il expliqué. Mais « nous n’avons jamais fait travailler un hacker parce que c’est en flagrante opposition avec nos principes éthiques », a fait valoir Jacques Hogard, qui se dit prêt à « répondre à toutes les questions devant un juge ».

Selon l’hebdomadaire satirique, un hacker aurait piraté les ordinateurs de M. Boivin. Cet homme, Alain Quiros, et le patron de Kargus, Thierry Lorho, sont déjà mis en examen par un juge d’instruction de Nanterre dans l’enquête sur l’espionnage informatique de Greenpeace. Tous deux « ont reconnu » devant le magistrat s’être prêtés à des agissements similaires sur l’ordinateur de Jean-Marie Boivin, selon Charlie Hebdo.

Sollicités par l’AFP, MM. Quiros et Lorho n’ont pas souhaité réagir, leurs avocats et le parquet de Nanterre n’ont pas donné suite. La DCNS n’a pas non plus souhaité faire de commentaire. « La seule erreur que nous avons peut-être commise, c’est de faire travailler Kargus », a ajouté pour sa part M. Hogard. « Quand nous avons compris pourquoi la DCN nous avait demandé de faire des recherches sur Jean-Marie Boivin, nous avons préféré nous retirer ».

Dans le conflit qui l’opposait à DCN, Jean-Marie Boivin avait menacé de révéler la nature de ses missions selon un rapport de novembre 2007 du procureur de Paris Jean-Claude Marin que l’AFP a consulté.

© AFP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence France Presse.

Visitez le site de l’Agence France Presse.

Revenir en haut