Rusal : controverse autour de l’introduction en Bourse du géant de l’aluminium

Mardi 26 janvier 2010

Rusal : controverse autour de l’introduction en Bourse du géant de l’aluminium

Hong Kong (awp/afp) - L’introduction cette semaine en Bourse, simultanément à Hong Kong et Paris, du géant russe de l’aluminium Rusal, lourdement endetté, soulève une controverse du fait notamment des restrictions imposées aux investisseurs.

Rusal deviendra mercredi le premier groupe russe à être coté à la Bourse de Hong Kong. A Paris, le plus beau fleuron de l’empire de l’oligarque russe Oleg Deripaska, sera également la première entreprise russe cotée sur le marché européen de Nyse Euronext.

Pour son IPO, Rusal, premier producteur mondial d’aluminium, a levé 2,24 milliards de dollars, en plaçant 1,61 milliard d’actions à 10,80 dollars de Hong Kong chacune (1,4 dollar US). Ces actions correspondent à 11% de son capital élargi.

Mais alors que les introductions à Hong Kong sont en général avidement souscrites par les petits investisseurs, le gendarme de la Bourse a cette fois imposé une série de restrictions.

Ainsi, les transactions seront réservées à des investisseurs institutionnels et « professionnels », qui doivent acheter un montant d’actions d’une valeur minimum d’un million de dollars de Hong-Kong.

A Paris, le groupe russe sera également coté sur un compartiment professionnel, réservé à des investisseurs qualifiés.

Créé fin 2007, ce compartiment est réservé aux admissions sans offre préalable au public, en particulier celles placées directement auprès d’investisseurs qualifiés.

Pour David Webb, représentant des actionnaires individuels à Hong Kong, ces restrictions envoient un double message : l’introduction de Rusal, malgré son endettement, est assez sûre pour être autorisée mais elle est en même temps trop risquée et doit donc être réservée aux investisseurs institutionnels.

« D’un côté, l’IPO est approuvée, mais de l’autre les restrictions sonnent comme un avertissement sur les risques…C’est un dangereux précédent », estime-t-il.

Les 1100 pages du prospectus d’introduction égrènent une série de risques pour le groupe, dont des poursuites judiciaires, un endettement de près de 15 milliards de dollars américains, voire la faillite en cas de plongeon du cours des métaux.

Le prospectus évoque plusieurs affaires judiciaires, dont l’une devant un tribunal londonien qui pourrait ordonner à M. Deripaska de verser 4 milliards de dollars à l’homme d’affaires israélien Michael Tchernoï pour une participation contestée dans Rusal. M. Tchernoï est du reste recherché par Interpol pour des accusations de blanchiment d’argent.

Le propriétaire Oleg Deripaska est lui-même soupçonné d’avoir entretenu des liens avec la mafia.

Les inquiétudes sur la santé de Rusal ont conduit la Bourse de Hong Kong à repousser à plusieurs reprises son feu vert. Mais le groupe russe a décroché début décembre un accord avec l’ensemble de ses créanciers.

Fin décembre, Rusal a annoncé la participation à son IPO de quatre investisseurs clés : le magnat des médias sino-malais Robert Kuok, le fonds spéculatif new-yorkais Paulson & Co., Nathaniel Rothschild, descendant de la célèbre famille de banquiers européens, et la banque publique russe Vnechekonombank (VEB).

Il s’est également assuré le soutien de 300 investisseurs institutionnels dont Cheung Kong Holdings, l’une des plus importantes sociétés du richissime homme d’affaires de Hong Kong, Li Ka-shing.

Si Rusal a choisi de s’introduire à Hong Kong, ce n’est pas parce les règles y sont moins strictes qu’à New York ou Londres, a assuré Artem Volynets, directeur adjoint du groupe.

« La raison pour nous d’être à Hong Kong est purement stratégique », a affirmé début janvier M. Volynets, l’ancienne colonie britannique étant, selon lui, une position clé pour accéder au très gourmand marché chinois.

rp

(AWP/25 janvier 2010 11h01)

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