Caisses noires présumées d’Alstom : le banquier suisse Holenweger renvoyé devant la justice

Vendredi 7 mai 2010

Caisses noires présumées d’Alstom : le banquier suisse Holenweger renvoyé devant la justice

BERNE (AP) — Après sept ans de procédure, le banquier privé zurichois Oskar Holenweger devra répondre devant la justice helvétique de faux dans les titres, gestion déloyale, blanchiment d’argent et corruption d’agents publics étrangers en rapport avec des « caisses noires » présumées du groupe français Alstom, a annoncé jeudi le ministère public de la Confédération (MPC).

L’acte d’accusation a été transmis mercredi au Tribunal pénal fédéral (TPF) de Bellinzone. Il s’agit sans doute de la procédure pénale la plus controversée de la décennie en Suisse, dont les développements ont fait peser des soupçons jusqu’au Parlement et au Conseil fédéral (gouvernement).

Tout commence en été 2003, lorsqu’un ancien trafiquant de drogue colombien engagé comme « personne de confiance » par le ministère public de la Confédération -« Ramos »- accuse Oskar Holenweger d’offrir ses services pour blanchir de l’argent provenant du trafic de drogue.

Pour confirmer ces soupçons, le MPC a recours à un agent infiltré, qui propose au banquier de blanchir de l’argent provenant prétendument du trafic de drogue. Oskar Holenweger accepte. Il est arrêté le 11 décembre 2003 et passe près de sept semaines en détention préventive.

Si le soupçon de blanchiment d’argent de la drogue ne se concrétise pas, l’enquête prend une nouvelle tournure. Durant la détention d’Oskar Holenweger, le MPC a en effet accès, grâce à une ex-collaboratrice du banquier privé, à des documents laissant présumer que le Zurichois a établi et géré des « caisses noires » pour le groupe industriel français Alstom. Ce dernier a rejeté les accusations.

Selon les enquêteurs, les investigations confirment qu’Oskar Holenweger a transféré des millions de francs suisses sur les comptes de sociétés off-shore pour Alstom, afin d’alimenter des caisses noires. L’argent aurait servi à corrompre des fonctionnaires étrangers pour emporter des marchés et réaliser des projets. Pour dissimuler l’origine des pots de vin, le banquier faisait transiter l’argent par des comptes de sociétés écrans installées dans des paradis fiscaux et établissait des factures et contrats fictifs.

L’affaire a surtout fait parler d’elle en raison de ses rebondissements et conséquences sur le plan politique. En 2007, Oskar Holenweger est en effet interpellé en Allemagne en possession de brouillons suggérant, selon la commission de gestion du Conseil national, qu’un complot aurait été mis en place pour évincer le procureur général de la Confédération Valentin Roschacher, qui avait quitté ses fonctions en juillet 2006. Le ministre de la Justice de l’époque, Christoph Blocher, était accusé d’y avoir participé, mais rien de concret n’avait finalement été prouvé.

fap5958/st

© AP

Publié avec l’aimable autorisation de l’Associated Press.

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