Le courage des grands Etats face aux petits

Vendredi 29 juillet 2011

EDITORIAL sébastien ruche

Le courage des grands Etats face aux petits

Exit les exotiques Caraïbes ou les nano-places financières aux noms imprononçables. Le nouveau paradis fiscal tendance parmi les contribuables français amateurs de discrétion s’appelle Etats-Unis. Les conseillers fiscaux le disent : de grandes fortunes de plus en plus nombreuses décident de parquer leurs fonds dans des banques américaines sur territoire américain. Pourquoi ? Le manque de diligence et de curiosité des banques américaines sur le statut des nouveaux fonds venant de l’étranger n’explique pas tout. L’élément déterminant, c’est que les États-Unis sont un grand pays capable de résister aux pressions. Les contribuables français ne croient pas une seconde que leur administration fiscale pourrait de lancer des recherches les concernant aux États-Unis. Jamais le fisc français n’obtiendrait des informations de la part des autorités ou des banques américaines. Quant à imaginer Paris essayant d’obtenir de Washington qu’il entrave l’évasion fiscale vers les Etats-Unis… Jamais la France n’oserait tenter contre cette grande puissance ce qu’elle a fait avec la Suisse à l’époque où le ministre Eric Woerth avait encore une carrière politique devant lui. Il semble même évident que le gouvernement français trouverait de bonnes raisons éthiques de refuser d’exploiter des données bancaires volées aux Etats-Unis. Et qu’il ne protégerait pas l’auteur du vol comme il l’a fait avec Hervé Falciani dans l’affaire HSBC à Genève. La Suisse est bien placée pour observer comment les grands Etats prennent leur courage à deux mains pour mettre les petits sous pression. Les groupes bancaires UBS et Credit Suisse se sont attiré les foudres de l’administration fiscale américaine. S’agissant du premier, le gouvernement suisse a cédé tout de suite en autorisant la communication d’une liste de noms de contribuables américains malgré le secret bancaire. Le second s’attend à vivre une période agitée, avec des tentatives d’intimidation dirigées contre l’établissement lui-même et ses collaborateurs basés aux Etats-Unis. C’est apparemment pour éviter ce genre de problème que les autorités du micro-Etat de Singapour, très à cheval lui aussi sur le secret bancaire, commence à effectuer des contrôles dans certains établissements indigènes ou étrangers. Pour s’assurer que les nouveaux fonds sont en règle, du point de vue fiscal en particulier. L’afflux de capitaux y est actuellement favorisé par l’effondrement de l’euro et le mauvais passage traversé récemment par le secret bancaire suisse.

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