La justice se penche sur Ziad Takieddine, proche de la majorité

Lundi 29 août 2011

La justice se penche sur Ziad Takieddine, proche de la majorité

Reuters Publié le 29/08/2011 à 16:58

PARIS (Reuters) - La justice française commence à se pencher sur le cas du milliardaire Ziad Takieddine, proche de plusieurs personnalités de la majorité et qui est mis en cause dans plusieurs enquêtes judiciaires.

Les biens de cet homme d’affaires libanais ont été gelés le 4 août dernier dans le cadre d’un litige avec sa femme, Nicola Johnson, avec laquelle il est en instance de divorce, a-t-on appris auprès de son avocat, Me William Bourdon, qui a confirmé une information du site Mediapart.

Par ailleurs, le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke a fait convoquer cette femme pour un interrogatoire par la police, mardi, a dit l’avocat. « Elle viendra à cette convocation et répondra, si elle le peut, à toutes les questions qui lui seront posées », a dit Me Bourdon à Reuters.

Nicola Johnson a déjà été interrogée par la police une première fois dans les enquêtes de Renaud Van Ruymbeke sur deux contrats d’armements passés dans les années 1990 et suspectés d’avoir servir à financer en 1995 la campagne présidentielle d’Edouard Balladur, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.

Une ordonnance rendue le 4 août par un juge des affaires familiales interdit à Ziad Takieddine toute transaction sur ses propriétés de Paris, de la Côte d’azur et de Londres.

Me William Bourdon a transmis l’ordonnance à une série de sociétés considérées comme détentrices d’une partie de la fortune de Ziad Takieddine, évaluée par l’avocat à plus de 100 millions d’euros, dit Mediapart.

DES CENTAINES DE MILLIONS D’EUROS

Cet homme d’affaires est au centre des contrat d’armement en question, une vente de sous-marins au Pakistan en 1994 et un marché de frégates avec l’Arabie saoudite à la même époque.

Une mission d’information parlementaire et des éléments des procédures judiciaires publiées dans la presse ont désigné Ziad Takieddine comme l’intermédiaire par lequel sont passés 33 millions d’euros de commissions occultes dans le contrat des sous-marins et 200 millions en marge du contrat saoudien.

Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire pensent que cet argent a pu revenir en partie financer la campagne Balladur, qui a utilisé, la police l’a démontré, d’importantes sommes en espèces. Aucune preuve n’a été mise au jour pour l’instant.

Une autre enquête est ouverte sur un attentat ayant tué en 2002 au Pakistan onze Français travaillant sur le contrat de sous-marins, et qui pourrait avoir un lien avec la corruption.

Mediapart a publié durant tout l’été des photos extraites apparemment d’un album de famille, censées démontrer une certaine proximité entre Ziad Takieddine et des personnalités de la majorité, dont Brice Hortefeux et Jean-François Copé.

Le site a également prêté à l’homme d’affaires un rôle d’intermédiaire sur divers dossiers, judiciaires et économiques, entre le pouvoir français et le régime de Mouammar Kadhafi avant la guerre qui a renversé son régime.

Après un article de Mediapart, Total a confirmé avoir versé à l’homme d’affaires libanais près de dix millions de dollars pour racheter des droits d’exploitation en Libye, mais c’était une opération courante et aucunement secrète, a dit la société française.

Thierry Lévêque, édité par Yves Clarisse

© REUTERS

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence Reuters.

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