L’argent grec se planque… en Suisse

Vendredi 28 octobre 2011

L’argent grec se planque… en Suisse

Le Point.fr - Publié le 28/10/2011 à 11:58

Le secrétaire d’État grec au ministère des Finances est à Berne pour récupérer une partie des milliards cachés dans les banques helvétiques.

De notre correspondant à génève, Ian Hamel

En 2009, le courtier Helvea, filiale de la banque privée genevoise Pictet, révèle que, de tous les étrangers plaçant leurs économies en Suisse, les Grecs étaient les plus mauvais contribuables. Seulement 1 % des sommes déposées étaient déclarées (contre 3 % pour les Français) (*). Écrasée par les dettes, Athènes s’est sans doute penchée sur cette étude avec beaucoup d’attention. D’autant que le montant des avoirs grecs dissimulés dans les banques helvétiques pourrait atteindre 150 à 200 milliards d’euros. Rappelons que le montant total de la dette grecque se monte à 350 milliards et que l’effort demandé par les dirigeants de la zone euro aux banques européennes pour éponger une partie de cette dette est de 100 milliards.

Ilias Plaskovitis, secrétaire d’État grec au ministère des Finances, est actuellement à Berne. Il est reçu par son homologue suisse, Michael Ambühl. Les deux pays envisagent de signer le plus rapidement possible un accord fiscal similaire à ceux que la Confédération vient de passer avec l’Allemagne et le Royaume-Uni. De quoi s’agit-il ? Les banquiers suisses proposent de prélever eux-mêmes un impôt libératoire sur les revenus des capitaux placés dans la Confédération par les étrangers.

Le dispositif Rubik

Puis, sans révéler les noms des titulaires des comptes, de reverser cet argent aux pays d’origine. Ce dispositif, baptisé Rubik, présente pour tout le monde des avantages. La Suisse sauve son secret bancaire ; l’autre pays, à défaut de récupérer l’argent planqué, perçoit dorénavant une rente sur les revenus générés par les capitaux dissimulés. Concernant l’accord helvético-allemand, la taxe sera de 26,375 %. Quant au fraudeur, il ne s’en tire finalement pas trop mal. Il est absous de ses péchés moyennant une dîme…

L’Union européenne est très hostile à ces accords que certains de ses membres négocient chacun de leur côté. La France, quant à elle, refuse Rubik, préférant la vertu au pragmatisme. Mais Athènes est très pressée d’aboutir, afin de desserrer autour de son cou la pression financière. « Il faut que le Parlement soit prêt à accepter un tel accord comme l’ont fait l’Allemagne et le Royaume-Uni », a déclaré Evángelos Venizélos, vice-Premier ministre de la Grèce et ministre des Finances, devant les députés, il y a deux semaines.

165 à 280 milliards d’euros

Mais à combien se monte le bas de laine grec dans les établissements financiers helvétiques ? Athènes avance le chiffre de 280 milliards d’euros. Plus récemment, le Financial Times Deutschland parlait de 165 milliards d’euros. Cela peut paraître beaucoup, sachant que l’on estime les avoirs allemands en Suisse autour de 230 milliards d’euros. Toutefois, cette fuite des capitaux n’a cessé de s’accélérer depuis le début de la crise. Pour la seule année 2010, les habitants d’Athènes ou de Thèbes ont retiré 35 milliards d’euros des banques grecques.

© Le Point.fr

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