Le Liechtenstein sur le chemin de la rédemption

Mercredi 2 novembre 2011

Le Liechtenstein sur le chemin de la rédemption

Le Point.fr - Publié le 02/11/2011 à 11:50 - Modifié le 02/11/2011 à 11:51

À la veille d’un G20 qui devait en finir avec les paradis fiscaux, le Liechtenstein serre les dents.

Par Ian Hamel, à Vaduz (Liechtenstein)

À la sortie de Vaduz, le siège de l’Association des banquiers liechtensteinois ne paye pas de mine. C’est pourtant le cœur de cette minuscule principauté de 160 km2 et de 36 000 habitants, coincée entre la Suisse et l’Autriche. À elle seule, l’activité bancaire assure un tiers du PIB du pays. Le principal établissement financier, LGT, est dirigé par le prince Max von und zu Liechtenstein, l’un des fils du chef de l’État. Les attaques du puissant voisin allemand en 2007, relayées en 2009 par celles du G20, ont fait l’effet d’une douche froide sur ce petit paradis fiscal, réputé plus opaque que la Suisse.

« On nous a très fortement expliqué que notre fiscalité posait problème », explique avec un sourire forcé un responsable de l’Autorité des marchés financiers. En clair, Vaduz était priée de reconnaître dans les plus brefs délais les normes de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) en matière d’entraide fiscale. Les conséquences ne se sont pas fait attendre. En 2007, la fortune gérée par les 17 banques du pays atteignait 140 milliards d’euros. Un an plus tard, elle chutait à 95 milliards.

Diminution des fondations

Quel intérêt dorénavant de placer ses économies dans un lieu aussi isolé, sans aéroport ni gare, si cet argent est bien gagné et parfaitement déclaré ? La question fait sursauter Adolf E. Real, le président de l’Association des banquiers liechtensteinois. Il tente néanmoins d’expliquer au Point.fr les atouts de sa place financière. « En période d’incertitude en Europe, notre clientèle apprécie la stabilité politique du pays ainsi que le bilan très sain de nos établissements financiers qui disposent de liquidités abondantes », assure Adolf E. Real. Les banquiers liechtensteinois auraient réussi cette année à arrêter, ou du moins à freiner, la fuite des capitaux.

Si les banques évitent la chute libre, n’est-ce pas surtout grâce à l’éclatante santé du franc suisse, la monnaie utilisée dans la principauté ? En revanche, les avocats d’affaires et les fiduciaires n’ont pas trouvé de parade aux fermetures en chaîne des fondations (notamment celle pour « l’équilibre écologique, esthétique et humain » qui gérait l’île d’Arros appartenant à Liliane Bettencourt). Leur nombre a dégringolé de 90 000 à 50 000.

Reproches de l’OCDE

La fondation était une spécialité liechtensteinoise. En se cachant derrière un prête-nom, on pouvait y dissimuler tous ses avoirs. Un moyen très efficace pour échapper aux droits de succession. Mais la loi du 26 août 2008 a arrêté « les évolutions en partie douteuses que le droit des fondations avait connues dans la pratique », expliquent les autorités du pays. Dorénavant, une autorité de surveillance est là pour « prévenir toute utilisation abusive de la fondation ». Une fondation d’utilité publique doit dorénavant servir « l’intérêt général », et non « l’intérêt privé ».

Avec fierté, l’Autorité des marchés financiers exhibe le dernier hit-parade des paradis fiscaux les plus nocifs. En tête, la Suisse, les îles Caïmans, le Luxembourg et Hong Kong. Le Liechtenstein ne pointerait plus qu’en 34e position. Malgré tout, le Forum mondial sur la transparence et l’échange de renseignements à des fins fiscales, sous la houlette de l’OCDE, a relevé en septembre dernier que la principauté « ne respecte pas encore les normes internationales contre la fraude fiscale ». Bref, tout n’est pas encore parfait. Ce dur chemin vers l’honnêteté impose des sacrifices. Le chômage a doublé ces deux dernières années à Vaduz. Ce n’est pas encore trop grave : il n’atteindrait pas 3 %.

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