Paradis fiscaux : la Suisse se pose en victime du G20

Samedi 5 novembre 2011

Paradis fiscaux : la Suisse se pose en victime du G20

Le Point.fr - Publié le 05/11/2011 à 12:20

Scandalisée, Berne considère qu’elle est mise au ban de la communauté internationale par Nicolas Sarkozy.

Par notre correspondant à Genève, Ian Hamel

« Sarkozy remet la pression sur la Suisse », annonce samedi matin en une La Tribune de Genève. Jean-Noël Cuénod, envoyé spécial du journal à Nice, termine son éditorial par ces mots : "La situation économique est telle en Europe que le secret bancaire paraît plus menacé que jamais. La Confédération estime être l’autre victime du G20, après la Grèce. En effet ne se retrouve-t-elle pas mise au ban de la communauté internationale, en compagnie de dix autres petites entités peu reluisantes fiscalement comme Antigua-et-Barbuda, les Seychelles et le Vanuatu ?

Le président français, appuyé par Barack Obama, a conclu le sommet de Cannes, vendredi soir, en déclarant : "La Suisse et le Liechtenstein ne se qualifieront pas pour la phase deux de l’examen de transparence fiscale tant qu’ils ne remédieront pas à certaines déficiences qui sont identifiées. En Clair, le G20 sanctionne le refus de la Suisse (et de son appendice, le Liechtenstein) de procéder à l’échange automatique d’informations entre autorités fiscales nationales.

La France protège Monaco

Or il n’y a pas de plus grand affront pour Berne que d’être comparée à des petits paradis fiscaux exotiques. Contrairement au Paraguay ou à Panama, la Suisse est une vraie démocratie. Ses magistrats répondent aux commissions rogatoires internationales. Et ses banques, malgré quelques accrocs, sont réputées dans le monde entier. La radio suisse romande a aussitôt donné la parole à Pascal Saint-Amans, responsable de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Pour ce dernier, « il est dommage que la Suisse ait ainsi été mise en avant, car des progrès ont été faits ».

Certes, selon le réseau d’ONG Tax Justice Network (TJN), la Suisse arrive bien en tête du top 15 des territoires les plus nocifs, mais ses suivants immédiats, les îles Caïmans, le Luxembourg et Hongkong, échappent à la liste noire du G20. Le Temps, autre quotidien genevois, constate que le G20 épargne les paradis fiscaux placés « sous l’influence de ses membres ». Le Royaume-Uni protège les îles anglo-normandes, la Chine, Hongkong, et la France, la principauté de Monaco, située à un coup d’accélérateur de la ville de Nice.

3 000 milliards de dollars

Contrairement aux autres places exotiques épinglées par le G20, la Confédération, réputée pour son secret bancaire, reste un immense trou noir de la finance. On estime que 28 % de la fortune mondiale offshore prospère dans les coffres des banques à Genève, Zurich et Lugano, soit presque 3 000 milliards de dollars. Le Luxembourg arrive en deuxième position avec 18 %, et le Royaume-Uni, avec 14 %. Avec la crise de la monnaie européenne, chaque jour, l’équivalent de 80 milliards de dollars fait l’objet d’une transaction entre l’euro et le franc suisse.

© Le Point.fr

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