Renaud Donnedieu de Vabres arrêté dans l’affaire Karachi

Mardi 13 décembre 2011

Renaud Donnedieu de Vabres arrêté dans l’affaire Karachi

PARIS (Reuters) - L’ancien ministre UMP Renaud Donnedieu de Vabres a été placé mardi en garde à vue dans l’enquête sur une possible corruption en marge de contrats d’armement et de la présidentielle de 1995, a-t-on appris de sources policière et judiciaire.

La police financière a effectué une perquisition à son domicile parisien et l’a interpellé simultanément. C’est la première fois qu’un ancien élu est visé par cette enquête qui inquiète la majorité à moins de cinq mois de la présidentielle.

Renaud Donnedieu de Vabres peut être interrogé durant 48 heures au maximum avant une éventuelle mise en examen par les juges d’instruction Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire.

Ministre de la Culture de Jacques Chirac entre 2004 et 2007, il n’est pas interrogé à ce titre mais à propos de ses fonctions de conseiller spécial au cabinet du ministre de la Défense François Léotard entre 1993 et 1995.

Les juges sont sur la piste d’un possible détournement de commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d’euros) et de frégates à l’Arabie saoudite (200 millions d’euros) dans les années 1990.

Un lien est envisagé avec un attentat au Pakistan ayant tué 15 personnes en 2002, dont onze Français travaillant à la fabrication des sous-marins.

Les enquêteurs soupçonnent un possible financement illégal de la campagne présidentielle d’Edouard Balladur en 1995, dont Nicolas Sarkozy était le porte-parole.

Deux proches de Nicolas Sarkozy, Nicolas Bazire - ex-directeur de campagne d’Edouard Balladur - et Thierry Gaubert, sont déjà mis en examen dans ce dossier, ainsi que Ziad Takieddine, homme d’affaires franco-libanais et intermédiaire dans les deux contrats.

Un témoin récemment entendu en procédure, le préfet Patrice Molle, ex-chef du cabinet civil de François Léotard, a déclaré que Renaud Donnedieu de Vabres avait imposé dans la négociation Ziad Takieddine et un autre intermédiaire, Abdulrahman El Assir, dans le but supposé d’organiser le détournement des commissions.

DONNEDIEU DÉJÀ CONDAMNÉ

Renaud Donnedieu de Vabres a déjà été condamné en 2004 à 15.000 euros d’amende pour blanchiment de capitaux, en même temps que François Léotard, sanctionné alors de dix mois de prison avec sursis.

Cette affaire portait sur le blanchiment via une banque italienne de cinq millions de francs (762.000 euros) d’origine mystérieuse. Les deux hommes avaient alors parlé au procès de fonds spéciaux de l’Etat, versés en liquide aux ministres jusqu’en 2001.

Elle est aujourd’hui réexaminée par les enquêteurs du dossier Karachi à la lumière des nouveaux faits apparus. Les magistrats ont en effet découvert que l’équivalent de trois millions d’euros en espèces, d’origine mystérieuse, avaient été versés aux comptes de la campagne Balladur en 1995.

Un compte suisse de Thierry Gaubert, et d’importants retraits à l’époque des faits, ont été aussi découverts après une demande d’entraide dans ce pays. L’épouse de Thierry Gaubert a parlé en procédure de valises d’argent convoyées par son mari.

Cette affaire réveille de vieilles querelles à droite.

Le nom de Nicolas Sarkozy, à l’époque des faits ministre du Budget, figure en procédure, dans un rapport de police luxembourgeois concernant la création de structures off shore liées à l’argent des marchés.

Les juges ont découvert récemment de nouveaux éléments laissant penser que l’argent des commissions pourrait avoir été dérivé vers des réseaux présentés comme proches de Jacques Chirac, après la défaite d’Edouard Balladur au premier tour et l’élection du maire de Paris à l’Elysée en 1995.

Dominique de Villepin, ancien secrétaire général de l’Elysée (1995-2002) et ex-Premier ministre (2005-2007) est convoqué comme témoin en janvier chez les juges.

Thierry Lévêque avec Nicolas Bertin, édité par Yves Clarisse

© REUTERS

Publié avec l’aimable autorisation de l’Agence Reuters.

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