Paradis fiscaux et blanchiment d’argent sale : lettre ouverte au nouveau gouvernement

Lundi 4 juin 2012 — Dernier ajout mercredi 1er novembre 2017

Paradis fiscaux et blanchiment d’argent sale : lettre ouverte au nouveau gouvernement

1er juin

Par Eric Vernier, chercheur associé à l’IRIS et expert en blanchiment*

Le phénomène de blanchiment d’argent sale, facilité par l’existence de nombreux paradis fiscaux à travers le monde et l’hypocrisie des gouvernements successifs, provoque un séisme sociétal sans précèdent et pourtant méconnu. En effet, le crime, qui ne peut être perpétré que grâce à l’existence de circuits de blanchiment, représente une des forces économiques les plus puissantes. La sphère criminelle plonge des régions entières dans la pauvreté (il suffit d’observer les magnifiques régions de la Calabre ou des Pouilles en Italie pour comprendre rapidement pourquoi elles ne se développent pas sur le plan touristique) et dans l’analphabétisme, pour mieux en contrôler les populations. Or, encore une fois, le crime ne peut perdurer sans le blanchiment de l’argent qu’il engendre. Et que découvre-t-on ?

D’une part que la criminalité et la délinquance produisent environ 7.000 milliards de dollars par an, autant que le PIB de la Chine. Rien que pour le crime, plus de 2.000 mds$ sont générés, soit autant que le PIB de la plupart des pays développés comme la France (2.800 mds$) ou l’Italie (2.200 mds$). Cet argent provient des pires trafics, dans des proportions non anecdotiques : trafic de drogue (plus de 1.000 mds$), trafic d’organes (10 % des greffes mondiales), tourisme pédophile (avec de plus en plus de pays atteints notamment en Afrique, en Asie et en Amérique du sud), traite des femmes, crimes contre l’environnement, contrefaçon de médicaments (15 % des médicaments), etc. L’argent gris, moins criminel, représente environ 5.000 mds$ avec entre autres délits l’évasion et la fraude fiscales qui provoquent des déséquilibres considérables dans les budgets des États et le développement des nations. La taxation des sommes cachées permettrait sans aucun doute de sortir de la crise économique souveraine actuelle (la Grèce ne pourra jamais retrouver l’équilibre sans recouvrer les impôts réellement dus, ce qui rend les anticipations plutôt pessimistes, car elle est incapable de lutter contre la fraude fiscale, endémique dans ce pays). On y trouve aussi les abus de biens sociaux, les détournements de fonds, etc. Lire la suite.

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