Technip : nouvelle enquête sur une raffinerie en Égypte

Vendredi 18 mai 2007

Technip : nouvelle enquête sur une raffinerie en Égypte

AFFAIRE Des commissions occultes auraient été versées Technip : nouvelle enquête sur une raffinerie en Égypte

Eric Decouty [06 mai 2004]

Un nouveau volet vient d’être ouvert dans le dossier judiciaire déjà volumineux visant la société Technip. Au terme de quelques mois d’enquête préliminaire, le parquet de Paris a en effet décidé, début avril, de délivrer un réquisitoire supplétif au juge Renaud Van Ruymbeke pour « abus de biens sociaux, complicité et recel » portant sur d’éventuelles commissions occultes versées à l’occasion d’un important marché pétrolier en Égypte. Les services du procureur de la République de Paris ont ainsi préféré élargir le champ d’investigation du magistrat instructeur plutôt que d’ouvrir une information judiciaire distincte.

Ce nouveau volet concerne l’obtention par le groupe d’ingénierie Technip du marché de construction d’une raffinerie pétrolière près d’Alexandrie, en Égypte, et dénommé Midor (Middle East Oil Refinery). Signé en juin 1997, ce contrat de 1,2 milliard de dollars avait été principalement commandé par la compagnie nationale EGPC (Egyptian General Petroleum Corporation), la construction de l’usine étant achevée en 2001. A cette date, le président de Technip, Daniel Valot, avait d’ailleurs déclaré que cette raffinerie « était l’installation la plus moderne du bassin méditerranéen ». Autre particularité de ce complexe industriel : il était détenu jusqu’en 2002 conjointement par l’Égypte et l’État d’Israël. Via des investisseurs, celui-ci possédait 23% des parts avant de se retirer. Enfin, dernier avatar dans l’histoire de cette usine, la Libye a acheté, en juin 2003, 39% du capital de Midor.

Enjeu industriel, stratégique et politique, la raffinerie de Midor, dotée d’une capacité de 100 000 barils par jour, va donc désormais faire l’objet d’investigations de la part de la justice française. Celle-ci soupçonne en effet que ce marché a donné lieu au versement d’importantes commissions occultes par la société Technip International.

L’enquête préliminaire a d’ores et déjà permis d’identifier au moins trois sociétés offshore qui auraient bénéficié de versements liés au dossier Midor. L’une d’entre elles, domiciliée au Luxembourg et dénommée Cedric International, aurait ainsi reçu quelque 25 millions de dollars en 1997-1998.

Selon nos informations, l’ayant droit de cette société serait Nadhmi Auchi, le puissant homme d’affaires d’origine irakienne installé à Londres et naturalisé britannique. Âge de 65 ans, il fut un des acteurs de l’affaire Elf, dans laquelle il a été condamné à quinze mois de prison avec sursis pour avoir perçu 175 millions de francs en 1991 pour sa participation au montage du rachat par Elf de la société espagnole Ertoil. Il a cependant fait appel du jugement.

Le juge Renaud Van Ruymbeke va devoir maintenant déterminer quel rôle Nadhmi Auchi a réellement joué auprès de Technip dans l’opération égyptienne. Joint hier par Le Figaro, son avocat parisien, Me Roger Doumith, a cependant affirmé tout ignorer de cette affaire. Également sollicitée, la société Technip n’a pas souhaité faire de commentaires sur ce nouvel épisode judiciaire.

L’enquête visant Technip a été ouverte en décembre 2001 en marge de l’affaire Elf, au sujet de commissions versées à l’occasion d’un contrat de construction d’une raffinerie de pétrole en Ouzbékistan.

Plusieurs personnes ont été mises en examen dans ce volet, dont Alfred Sirven et André Guelfi. Les investigations du juge Van Ruymbeke ont également donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire distincte (voir ci-dessous) concernant Technip mais surtout la société américaine Halliburton, à l’époque où elle était dirigée par Dick Cheney, l’actuel vice-président des États-Unis.

© Le Figaro

Publié avec l’aimable autorisation du journal Le Figaro.

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