Karachi : les millions suisses de Zardari

Mardi 10 juillet 2012 — Dernier ajout mercredi 11 juillet 2012

Karachi : les millions suisses de Zardari

Enquête Selon nos informations, le juge Van Ruymbeke détient la preuve que le président pakistanais a reçu 10 millions de dollars sur un compte à Zurich, en 1995, année du contrat Agosta.

Par violette Lazard

L’affaire Karachi, c’est d’abord un attentat. Puis des soupçons de corruption d’hommes politiques français sur fond de gros contrats d’armement, notamment la vente de sous-marins au Pakistan par la France en 1995 pour 826 millions d’euros (contrat Agosta). Voici maintenant le versant pakistanais du dossier. D’après nos informations, depuis quelques jours, le juge Renaud Van Ruymbeke, chargé du volet financier du dossier Karachi, est en possession de relevés bancaires prouvant que Asif Ali Zardari, l’actuel président du Pakistan et ancien mari de Benazir Bhutto, a touché 10 millions de dollars sur un compte en Suisse en 1995. L’année de la signature du contrat Agosta. Ces virements prouveraient que les dirigeants pakistanais d’alors - en 1995, Benazir Bhutto est ministre des Finances du Pakistan - ont encaissé des pots-de-vin les incitant à choisir le contrat français. Ils confortent également la piste que suivent aujourd’hui les magistrats français, à savoir que c’est l’arrêt du versement de ces commissions qui aurait entraîné l’attentat de Karachi en 2002 et ses onze morts français.

Société offshore. Pour le moment, le juge n’a pas tiré de conclusion. Et se contente de suivre l’argent. D’après les documents remis par les autorités suisses au magistrat français, ces dix millions de dollars ont été déposés sur le compte « Bomer Finance Inc » à la Citibank de Zurich en cinq virements d’un montant allant de 1 à 3 millions de dollars entre le 7 mars et le 30 août 1995. Ce compte est celui d’une société offshore identifiée comme appartenant au couple Bhutto-Zardari. Il a déjà été utilisé pour encaisser des « commissions » provenant d’autres contrats, ce qui avait d’ailleurs valu au couple une condamnation en 2003 en Suisse pour blanchiment.

D’où viennent ces virements ? D’un compte identifié comme appartenant à Abdulrahmane al-Assir. Cet homme d’affaires est, avec Ziad Takieddine, l’un des intermédiaires choisis par les Français pour favoriser la signature du contrat Agosta. Lire la suite sur le site du quotidien Libération.

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