Mandat d’arrêt contre le fils du président équato-guinéen

Vendredi 13 juillet 2012

Mandat d’arrêt contre le fils du président équato-guinéen

Créé le 13-07-2012 à 15h02 - Mis à jour à 15h02

PARIS (Reuters) - Deux juges d’instruction français ont délivré un mandat d’arrêt pour « blanchiment » contre le fils du président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, dans l’enquête sur les « biens mal acquis » africains, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.

Les juges Roger Le Loire et René Grouman ont décidé cette procédure après que Teodorin Obiang, ministre de l’Agriculture dans son pays, a refusé de déférer à une convocation mercredi où il devait être mis en examen, comme le révèle le journal Le Monde.

Sollicité par les juges, le procureur de Paris François Molins avait déjà donné le 4 avril un avis favorable à ce mandat d’arrêt et qui interdit de facto Teodorin Obiang de séjour en France. Les juges soupçonnent un pillage des fonds publics de son pays et leur blanchiment en France.

Lors d’une perquisition de deux semaines en février dans un luxueux immeuble utilisé par Teodorin Obiang, avenue Foch à Paris, les magistrats ont saisi des œuvres d’art, du mobilier ancien, des vins fins et autres objets précieux d’une valeur globale estimée à plusieurs dizaines de millions d’euros.

Ils avaient auparavant, fin 2011, saisi de nombreuses voitures de luxe au même endroit, dont des Bugatti et des Ferrari. Teodorin Obiang est visé par des procédures similaires aux Etats-Unis où il possèdes des richesses similaires, évalués à plusieurs dizaines de millions de dollars.

Teodorin Obiang étant la première personne poursuivie, c’est le développement le plus marquant à ce jour de cette information judiciaire sans précédent pour « recel de détournement de fonds publics », validée par la Cour de cassation en 2010 contre l’avis du parquet.

L’enquête est susceptible de se développer bien au-delà du cas équato-guinéen puisqu’elle vise aussi les familles d’Ali Bongo (Gabon) et de Denis Sassou N’Guesso (Congo-Brazzaville), qui possèdent respectivement à Paris, selon une enquête de police, 39 et 24 propriétés immobilières de luxe, et environ 200 comptes bancaires au total.

Ali Bongo, reçu officiellement la semaine dernière à Paris par François Hollande, a assuré à cette occasion aux journalistes que la Françafrique, le supposé système d’influence et d’accaparement des richesses fustigé par des associations, « n’existait pas ».

Ces pays, riches en pétrole et en ressources naturelles mais dont la population a un niveau de vie très faible, sont stratégiques pour l’influence française en Afrique.

Thierry Lévêque, édité par Patrick Vignal

Reuters

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