Le juge van Ruymbeke sort blanchi de sa procédure disciplinaire

Mercredi 17 octobre 2012

Le juge van Ruymbeke sort blanchi de sa procédure disciplinaire

17 octobre 2012 à 16:50

Le juge anticorruption Renaud van Ruymbeke, bête noire de Nicolas Sarkozy, est sorti réhabilité mercredi d’une procédure disciplinaire qui remontait à 2006 et va pouvoir travailler plus sereinement sur ses dossiers, notamment le volet financier de l’affaire Karachi.

Le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a « donné acte » mercredi à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, « de son désistement des poursuites » contre le juge d’instruction, mettant fin à cette procédure considérée depuis le début par les soutiens du juge comme purement politique.

Sitôt après avoir pris connaissance de la décision du CSM, Renaud van Ruymbeke s’est déclaré « soulagé », tout en manifestant « un peu d’amertume » et de « regret que tout cela ait duré six ans ».

« Il n’y a rien à me reprocher, comme je l’ai toujours dit », a ajouté devant la presse le juge du pôle financier de Paris.

Lorsque cette procédure avait été engagée, en 2006, le juge n’avait pas obtenu le poste qu’il souhaitait à la cour d’appel de Paris et sa carrière est restée bloquée depuis.

Maintenant, à 60 ans, il « aspire » à rester à son poste de juge d’instruction pour « terminer », en toute indépendance, les dossiers dont il a la charge. Il enquête en particulier sur des soupçons de financement politique occulte en marge de contrats d’armement dans l’affaire Karachi.

Le ministère de la Justice lui avait reproché en 2006 sa manière de mener certains actes d’enquête en marge de l’affaire Clearstream et avait engagé des poursuites disciplinaires contre lui.

Renaud van Ruymbeke était notamment accusé d’avoir rencontré secrètement en 2004 l’ancien vice-président du groupe d’aéronautique et de défense EADS Jean-Louis Gergorin, qui disait avoir des informations à lui communiquer mais, s’affirmant menacé, ne voulait pas déposer officiellement.

Renaud van Ruymbeke enquêtait alors sur des soupçons de rétrocommissions dans le dossier hypersensible de la vente de frégates à Taïwan.

solder le passé

Or, Gergorin se révélera être le « corbeau » de l’affaire Clearstream, vaste dossier de dénonciation calomnieuse dont avaient été victimes plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, scandalisé qu’un juge se soit « allié », selon lui, au manipulateur.

Le juge avait comparu une première fois en séance disciplinaire fin 2007. La Chancellerie avait demandé à son encontre une « réprimande », mais le CSM avait décidé de surseoir à statuer car l’enquête Clearstream était encore en cours.

La procédure était ensuite restée en sommeil, avant d’être relancée fin 2010.

Une nouvelle audience a eu lieu le 3 octobre dernier, devant un CSM entièrement renouvelé et après le changement de majorité.

La représentante de la Chancellerie avait alors annoncé, dans un premier temps, qu’elle ne réclamait plus de sanction contre le juge, avant de préciser en fin d’audience qu’elle abandonnait les poursuites contre lui.

Renaud van Ruymbeke s’était quant à lui montré très déterminé, affirmant avoir été « pris dans une affaire de règlement de comptes politiques » et ciblé en tant que juge d’instruction, fonction que Nicolas Sarkozy projetait de supprimer.

Les syndicats de magistrats se sont félicités de l’abandon des poursuites contre le juge, tout en regrettant eux aussi le temps perdu.

L’Union syndicale des magistrats (USM), syndicat modéré majoritaire, a de nouveau appelé la ministre de la Justice à « solder définitivement le passé », en abandonnant les poursuites engagées contre d’autres magistrats « ayant fait preuve d’indépendance dans leurs enquêtes ».

AFP

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