Fraude fiscale : les lourds secrets du « Falciani Code »

Mardi 11 décembre 2012

Fraude fiscale : les lourds secrets du « Falciani Code »

Par Eric Pelletier, Jean-Marie Pontaut et Anne Vidalie, publié le 11/12/2012 à 18:23

Il y a trois ans, l’informaticien livrait à la France des milliers de données confidentielles dérobées chez HSBC. Depuis, la justice s’applique à enterrer l’affaire.

A l’automne 2006, l’immeuble imposant de la HSBC Private Bank, à Genève, incarne encore l’inviolabilité du système bancaire suisse. Au cœur de cette forteresse, Hervé Falciani travaille parmi 150 informaticiens, dans un open space vibrionnant. En secret, ce trentenaire arrivé deux ans auparavant de Monaco rêve de faire sauter la banque. D’octobre 2006 à juillet 2008, il va notamment copier les données « clients ». De quoi intéresser bien des administrations fiscales, sans doute aussi quelques services de police.

[…] Le 3 juillet 2008, pour prouver la véracité de ses dires, l’ex-employé de HSBC livre sept noms de Français possédant un compte illicite à Genève et à Lugano. Parmi eux, celui de Jean-Charles Marchiani, un proche de Charles Pasqua ayant autrefois négocié la libération des otages français au Liban. Falciani fournit la clef de codage, une suite alphanumérique : « rbJ0$RY3T62n_chxVBMzXRGka ». On connaissait le Da Vinci Code, Bercy dispose désormais du « Falciani Code ».

[…] Pendant des mois, les gendarmes travaillent à partir de cette immense base de données (2,9 gigabits) recelant près de 120 000 comptes. Avec l’aide de Falciani, ils plongent dans les secrets de la banque. La liste, une fois mise en ordre, comporte un nombre anormalement élevé d’employés de HSBC, dont certains joueraient les rabatteurs auprès de Français fortunés et serviraient de prête-noms. Au détour des lignes, on croise aussi l’héritière d’une marque de luxe, qui détiendrait plus de 20 millions de dollars, mais également un homme vivant des minima sociaux et propriétaire de plusieurs immeubles à Paris.

Une source proche du dossier évoque en outre des « chanteurs » et des « comiques ». Sans oublier un grand nombre d’hommes d’affaires, comme l’ex-PDG d’une société spécialisée dans l’électronique, beaucoup de médecins, notamment des chefs de clinique. Le monde politique n’est pas absent, mais un enquêteur confie n’avoir identifié que des « personnalités de second rang ». L’un des principaux donateurs de l’UMP, Patrice de Maistre, gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, figure lui aussi sur le listing. Lire la suite sur le site du magazine L’Express.

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