A Londres, le refuge doré des milliardaires étrangers

Jeudi 21 février 2013

International

A Londres, le refuge doré des milliardaires étrangers

Par Nicolas Madelaine | 20/02 | 19:54

Lakshmi Mittal y a longtemps habité. De richissimes familles russes ou qataries y ont acheté de luxueuses demeures. Au nord-ouest de Londres, The Bishops Avenue est devenue l’un des points de chute préférés des grandes fortunes planétaires.

[…] Eviter l’argent sale

Le portail de Caravilla, une maison de The Bishops Avenue proposée à 12,5 millions, s’ouvre pour la Smart de Trevor Abrahmsohn. A une centaine de mètres, toutes les lumières de cette demeure de brique sont allumées et le jardin est éclairé. Un agent de sécurité nous tend des sacs en plastique pour recouvrir nos chaussures. Cette formalité remplie, la maison peut être visitée. La grande piscine au sous-sol est chauffée, la salle de gym est en état de marche, toutes les pièces sont meublées comme un hôtel de luxe international, les écrans vidéo sont allumés et diffusent une musique relaxante, la table est mise impeccablement et un film est même projeté sur l’écran de la salle de cinéma… « Les acheteurs acquièrent tout un art de vivre », explique Trevor Abrahmsohn, qui décrit le style de cette maison comme « classique moderne ». Tous les gadgets possibles et imaginables sont de rigueur. La presse britannique parle même d’une « panic room » avec fils de téléphone insécables dans Heath Hall, à vendre pour 100 millions de livres.

Ce genre de biens n’intéressant pas le tout-venant, les transactions sont parfois hautes en couleur. Une famille de Nigérians avait par exemple voulu acheter toute une rue avoisinante, en vain. Un milliardaire du Bangladesh avait acheté pas moins de sept maisons sur The Bishops Avenue. Les batailles d’ego peuvent être épiques. Trevor Abrahmsohn raconte avoir scellé une transaction entre un hommes d’affaires indien et un banquier anglais, en trouvant le prix magique avant que ne claque la portière de la voiture du vendeur mécontent de la tournure de la négociation. « C’est le genre de chose que je dois endurer », s’amuse-t-il en comparant ces rencontres au sommet aux négociations pour la paix au Proche-Orient…

Plus sérieusement, un des grands enjeux pour les parties prenantes de telles transactions est d’éviter les escroqueries ou l’argent sale. Comme l’ont montré les milliards saisis à Londres des Kadhafi au moment de la guerre en Libye, l’argent qui circule ici n’est pas toujours correctement gagné. Dans un point de vue publié en 2011, le chroniqueur du « Financial Times » Philip Stephens avait estimé que Londres servait trop souvent de machine à laver l’argent ou la réputation des despotes. « Les preuves de transactions douteuses sont difficiles à trouver dans le Far est de l’ex-Union soviétique ou le monde fermé des autocrates du Moyen-Orient, donc la Grande-Bretagne hausse les épaules », avait-il déploré.

« Bien sûr, il y a quelques personnes de mauvaise réputation, mais, globalement, Londres attire l’intelligentsia du monde, ce qui profite à l’ensemble de sa population » note Trevor Abrahmsohn. Officiellement, les agents immobiliers dans son genre prennent le plus de précautions possible. « Nous sommes tenus par la loi de vérifier que le vendeur ne commet pas de blanchiment, explique Jonathan Hewlett. Et en tant qu’agence respectable, nous devons savoir à qui nous vendons ; nous exigeons en particulier que les banquiers ou les avocats de nos clients aient pignon sur rue. » Le but est d’éviter toute publicité indésirable. Il n’y a en effet rien de plus dissuasif dans ces milieux, qui apprécient tant la discrétion… Lire la suite sur le site du journal Les Echos-20130221-[s=461370_n=2_c=204_]-1624984[_SDV]@1]].

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