Le juge Charles Duchaine, salutaire et solitaire

Mercredi 6 mars 2013 — Dernier ajout jeudi 7 mars 2013

Société

Le juge Charles Duchaine, salutaire et solitaire

5 mars 2013 à 21:26

Les politiques marseillais, après des années d’attentisme, comptent sur le magistrat pour faire la lumière sur « le système Guérini ».

Par Ol.B. (à Marseille) et V.L.

C’était le 1er février. Le juge d’instruction marseillais Charles Duchaine venait de faire un malaise, et les premières informations évoquaient un accident cardio-vasculaire. Un frisson avait alors parcouru la ville. Un contribuable était même venu devant le palais de justice lui souhaiter bon rétablissement. Sans ce juge, spécialiste des investigations financières d’envergure et qui travaille depuis plus de quatre ans sur les dossiers Guérini, la procédure allait-elle être menacée ? Mais l’annonce de son hospitalisation a permis de mesurer les attentes que ce magistrat porte sur ses épaules. Le dossier est lourd pour un seul homme.

Petits cailloux. Depuis la première lettre anonyme en février 2009 et l’ouverture d’une enquête, gendarmerie et douane judiciaire ont levé de nombreux lièvres, et une ribambelle d’autres courriers bien informés leur ont ouvert autant de pistes. L’instruction menée par cet ex-magistrat de Monaco, un temps pressenti pour rejoindre l’Agence de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, est aujourd’hui devenue tentaculaire. Elle concerne à peu près tous les champs de compétence d’un conseil général. Favoritisme sur des marchés publics pour la construction de collèges, gendarmeries, casernes de pompiers… Travaux fictifs ou surpayés ayant permis à des membres du grand banditisme de toucher de grasses commissions. Maisons de retraite dont les ouvertures ont donné lieu à des commissions en échange d’agréments du conseil général. Emplois et logements dépendant du département utilisés pour conforter les affaires d’Alexandre Guérini, « Monsieur Frère » entrepreneur spécialisé dans le traitement des déchets, lui aussi mis en cause.

A chaque fois ou presque se posent ces questions, difficiles à démontrer pénalement : Jean-Noël Guérini savait-il ? A-t-il participé ou en a-t-il seulement bénéficié partiellement ? L’un des pans les plus ardus concerne le blanchiment, raffiné, de l’argent détourné. Et ce via des cascades de comptes à l’étranger, notamment dans des paradis fiscaux. Cela oblige à lancer des commissions rogatoires internationales dont les délais de retour sont longs, ralentissent l’instruction. Tout en révélant le professionnalisme de ceux qui ont mis ce système en place au conseil général. Des précautions qui tranchent avec l’imprudence d’un Alexandre Guérini qui a laissé de nombreuses traces, comme autant de petits cailloux.Lire la suite sur le site du journal Libération.

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