Affaire Cahuzac : les pistes fournies aux enquêteurs par un banquier de Genève

Mercredi 20 mars 2013

Affaire Cahuzac : les pistes fournies aux enquêteurs par un banquier de Genève

LE MONDE | 20.03.2013 à 11h04 • Mis à jour le 20.03.2013 à 11h14 Par

Agathe Duparc - Genève, correspondance

C’est un témoin privilégié de l’affaire Cahuzac qui a beaucoup de choses intéressantes à raconter. Ce banquier, établi à Genève, a été entendu à Annecy, le 13 février, par deux enquêteurs de la police judiciaire, spécialement venus de Paris.

Fin spécialiste de la gestion de fortune privée, il a, durant quatre heures, aiguillé les policiers sur les différents schémas qui auraient pu permettre au ministre français délégué au budget d’ouvrir un compte non déclaré en Suisse sans que son nom n’apparaisse, puis de le transférer à Singapour.

Acceptant de parler au Monde sous couvert d’anonymat, le financier reconnaît ne pas détenir « d’éléments de preuves sur ce compte ». Mais il ajoute connaître la manière dont travaillait Hervé Dreyfus, le gestionnaire de fortune de Jérôme Cahuzac. « Il avait des réseaux politiques, à droite comme à gauche, avec parmi eux des hommes politiques, des chefs d’entreprise et des gens du show-business qui mettaient leur argent en Suisse. Ce serait une coïncidence extraordinaire qu’il ne se soit pas occupé de Cahuzac », confie-t-il.

[…] M.DREYFUS, « PORTE-VALISES DE REYL »

Le banquier genevois a ensuite mis les enquêteurs sur la piste de Reyl & Cie, une société de gestion d’actifs financiers pour le compte de clients privés, fondée en 1973 à Genève par Dominique Reyl, le demi-frère d’Hervé Dreyfus, et devenue une banque en 2010. « Hervé Dreyfus, outre ses activités en France au sein de la société Raymond James Asset Management International, était le porte-valises de Reyl à Paris. C’est lui qui livrait le cash et permettait ainsi un système de compensation. »

« Pendant longtemps, Reyl n’avait pas de licence bancaire, mais ouvrait dans différents établissements, dont UBS, des master accounts », explique le témoin. Ces « comptes maîtres », ouverts au seul nom de Reyl, permettaient de gérer sous une seule identité plusieurs sous-comptes de clients privés ainsi protégés ou dissimulés.

[…] FILIALE À SINGAPOUR

Enfin, dernière hypothèse livrée aux enquêteurs français : un compte ouvert par l’intermédiaire d’une société d’assurance-vie luxembourgeoise, un schéma qui permet en effet de ne pas faire apparaître le nom de l’ayant-droit économique. Lire la suite.

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