Premier paradis fiscal au monde, la City bénéficie d’un solide réseau extraterritorial

Mardi 9 avril 2013

Premier paradis fiscal au monde, la City bénéficie d’un solide réseau extraterritorial

LE MONDE | 09.04.2013 à 09h43 • Mis à jour le 09.04.2013 à 11h29

Par Marc Roche

Officiellement, David Cameron a placé la lutte contre l’évasion fiscale au cœur de sa présidence 2013 du G8. A l’appui de cette croisade, le premier ministre britannique met en exergue la récente signature d’échange de données fiscales entre le Royaume-Uni d’une part, la Suisse, les îles anglo-normandes et l’île de Man d’autre part.

Dans la réalité, la City – terme qui décrit l’industrie des services financiers installés à Londres – peut être considérée comme le plus gros paradis fiscal au monde. La première place financière européenne est, certes, « onshore » (à terre). Mais elle est au centre d’une toile d’araignée où rayonnent des paradis fiscaux « offshore » (extraterritoriaux), ces territoires de la Couronne ou anciennes colonies, dont le nom est passé dans l’histoire de la finance de l’ombre : îles Caïmans, îles anglo-normandes, île de Man, îles Vierges britanniques, Gibraltar, les Bermudes, Hongkong, l’Irlande, Dubaï… Des lieux qui servent d’abord de rabatteurs de capitaux approvisionnant le pôle londonien en liquidités. L’argent collecté est géré par les établissements financiers installés dans la capitale britannique.

A écouter Nicholas Shaxson, auteur du livre Treasure Islands (The Bodley Head, 2009), consacré aux places financières extraterritoriales – et l’un des piliers de Tax Justice Network, une organisation non gouvernementale phare dans la lutte contre les paradis fiscaux –, la City abritait 3 200 milliards de dollars (2 456 milliards d’euros) de dépôts offshore, soit 55 % du total mondial. Et Jersey, Guernesey et Man apportent le dixième de ce pactole.

UN ETAT DANS L’ETAT

Grâce à ses centres offshore de transit, la City a pu faire fructifier à son avantage les pétrodollars du Proche-Orient, ainsi que les fonds des oligarques russes, des armateurs grecs, des entrepreneurs indiens et chinois, ou, plus récemment, des nantis d’Europe du Sud fuyant la crise de l’euro.

Pour protéger sa prééminence dans la finance offshore, la City dispose de trois atouts-clés. Tout d’abord, la formidable puissance de la City of London Corporation, l’autorité administrative de la City. Le pouvoir de cet Etat dans l’Etat, autonome par rapport au gouvernement central, est à la hauteur de sa fortune et de son entregent : imposant Lire la suite.

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