L’insolente santé des banques suisses

Lundi 27 mai 2013

L’insolente santé des banques suisses

Le Point.fr - Publié le 22/05/2013 à 11:03 - Modifié le 22/05/2013 à 11:44

Malgré les menaces contre le secret bancaire, les banques suisses et du Liechtenstein n’ont jamais eu autant de clients. Un paradoxe seulement apparent.

De notre correspondant à Genève Ian Hamel

Alors que l’Union européenne et l’OCDE annoncent une guerre sans pitié contre les fraudeurs du fisc et que Bruxelles a donné mandat à la Commission européenne pour ouvrir des négociations avec la Suisse afin que celle-ci cède (enfin) sur l’échange automatique d’informations, une enquête montre que les masses sous gestion des établissements financiers helvétiques ont fortement augmenté entre 2011 et 2012. Et qu’elles ont continué à grimper au premier trimestre 2013.

Comment se porte UBS, le principal établissement suisse, mis en cause par la justice française, qui l’accuse d’avoir incité de riches contribuables de l’Hexagone à cacher leurs économies dans ses coffres ? Elle est toujours numéro un de Suisse, avec une masse sous gestion au 31 décembre 2012 de 1 785 milliards d’euros. En augmentation de 6,8 % par rapport à l’année précédente…

Bonne santé de la place financière

Le numéro deux, le Credit Suisse, mis en cause par la justice américaine, gère de son côté 1 000 milliards d’euros et connaît une croissance de 5 %. Ce sont quelques-unes des révélations d’un dossier réalisé par le quotidien genevois Le Temps intitulé « Gestion de fortune : le bon état de santé des banques ». L’enquête ne se limite pas aux deux géants de la place financière suisse, elle démontre que toutes les banques doivent gérer un afflux de nouveaux clients.

La tendance profite à tout le monde : aux « historiques » comme les banques privées Pictet (+ 20 %) ou Lombard Odier (+ 15 %), aux banques cantonales (+ 8,4 % pour celle de Zurich, + 6 % pour celle du canton de Vaud), comme aux banques étrangères : + 3 % pour HSBC Private Bank, pourtant impliquée dans l’affaire Falciani, + 2 % pour le Crédit Agricole Suisse.

[…] Succursales exotiques

Toutefois, l’enquête du quotidien genevois montre que les banques suisses dégraissent dans le pays (2,7 % de chômage dans le secteur bancaire), préférant ouvrir dorénavant des filiales dans des contrées plus exotiques, à l’abri des foudres de Bruxelles. « Pour camoufler les traces des multiples transactions effectuées, le recours à des sociétés offshore domiciliées dans des paradis fiscaux est très important. Avec Internet, les opérations financières passent d’un pays à l’autre sur un simple clic de souris », constate Michael Lauber, le procureur général de la Confédération dans le magazine économique Bilan. En clair, l’argent n’est plus physiquement en Suisse, mais aux Bahamas, au Panama ou à Dubai. En revanche, il est toujours géré par un banquier suisse.

De son côté, Jean-Bernard Schmid, procureur à Genève, évoque une « gentille hypocrisie » : si les banques suisses ont dans leur propre convention de diligence l’interdiction « d’assistance active à la fraude fiscale », en revanche, les gérants extérieurs (fiduciaires, gestionnaires de fortune, avocats d’affaires) n’ont toujours pas les mêmes obligations… Les fraudeurs ne vont donc plus directement dans un établissement financier. Ils déposent leur argent dans une fiduciaire qui, ensuite, le place dans une banque. Résultat, le banquier ne connaît (toujours) pas l’identité du vrai propriétaire de l’argent.

Les banques suisses restent au paradis. Les avoirs non déclarés des ressortissants de l’Union européenne sont estimés entre 850 et 900 milliards d’euros. 210 milliards détenus par les Allemands, 160 par les Italiens, 90 par les Français, et 60 milliards concernent les Britanniques. Lire la suite sur le magazine Le Point.

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