Le banquier suisse et les mafias corses

Jeudi 20 juin 2013

Le banquier suisse et les mafias corses

20 Juin 2013

Par Iam Hamel Six ans après les faits, la justice française se penche sur les acteurs du cercle de jeu Concorde, dont le Genevois François Rouge. En se gardant toutefois d’épingler l’UMP de Nicolas Sarkozy.

Justice

Fin 2007, la presse révèle que deux clans corses s’entre-tuent pour prendre le contrôle d’un cercle de jeu parisien, le mal nommé Concorde. On arrête Jean-François Raffali, Emmanuel Brunini, Jean Pinelli, Jean-Paul Susini, Henri Panunzi, tandis que Paul Lantieri prend le maquis.

Au milieu de ces personnages pas forcément très recommandables, un banquier suisse, François Rouge, alors patron de la Banque de Patrimoines Privés Genève (BPG). Le financier genevois passe huit mois et demi dans la prison des Baumettes à Marseille, avant de recouvrer la liberté.

Depuis le 27 mai dernier, et jusqu’au 21 juin, il est jugé, avec dix-neuf autres personnes, par la sixième chambre du Tribunal correctionnel de Marseille. Les prévenus risquent au maximum cinq ans d’emprisonnement. Pour faire simple, on accuse les voyous d’avoir voulu s’en mettre plein les poches, et le banquier suisse de les avoir aidés à blanchir l’argent.

Une légende raconte qu’au lendemain de la Seconde Guerre mondiale le pouvoir politique a octroyé aux Corses le droit d’ouvrir des cercles de jeu dans la capitale, afin de les remercier pour leurs brillants états de service dans la Résistance. Edmond Raffali était l’un de ces seigneurs des jeux. Il avait débuté comme croupier en 1957, avant de devenir patron du Cercle Concorde de 1978 à 1988, date de sa fermeture.

Depuis, il se démène pour faire rouvrir l’établissement. Seulement voilà, très proche de Charles Pasqua, alors ministre français de l’Intérieur, Edmond Raffali est mouillé dans un scandale politico-financier, l’affaire du Carrefour du développement. Sept millions de francs sont détournés des caisses du Ministère de la coopération. Pour pouvoir s’enfuir au Brésil, Yves Chalier, l’ancien directeur de cabinet du ministre, obtient un vrai-faux passeport de Charles Pasqua. Et qui lui remet le précieux document ? Edmond Raffali.

[…] Blanchiment en bande organisée

Mais apparemment, la justice française n’a pas souhaité mener des investigations afin d’en savoir plus sur « l’intense lobbying politique » du clan Raffali. Les Corses ont-ils versé de l’argent pour les bonnes œuvres de l’UMP ?

En page  41 de son réquisitoire, le vice-procureur Marc Rivet évoque la répartition du produit d’exploitation du Cercle Concorde : 15% pour la famille Raffali, plus 200 000 euros en espèces, 5% pour Jean Pinelli et Jean-Paul Susini, 22,5% pour la famille Lantieri, 22,5% pour François Rouge, 5% pour un avocat genevois (qui doit venir témoigner au tribunal à Marseille), et enfin 30% pour un « Monsieur Charles », proche des Raffali.

Quant à ce « Monsieur Charles », on suggère dans le réquisitoire qu’il pourrait s’agir de Charles Pasqua, l’ancien ministre de l’Intérieur, qui avait accordé une autorisation au premier Cercle Concorde. Mais curieusement, les magistrats n’envisagent pas d’interroger celui-ci, longtemps président du Conseil général des Hauts-de-Seine, avant qu’un certain Nicolas Sarkozy ne lui succède. Lire la suite sur le site du magazine Bilan..

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