La mafia, une menace sous-évaluée en Suisse

Mardi 25 juin 2013

Crime organisé

La mafia, une menace sous-évaluée en Suisse

Mis à jour à 11h15

La mafia italienne, notamment, blanchit ses fonds de ce côté-ci des Alpes et utilise la Suisse comme zone de repli ou comme base logistique pour ses activités criminelles.

Le crime organisé est une menace « bien réelle » même en Suisse. L’Office fédéral de la police (fedpol) tire la sonnette d’alarme dans son rapport annuel.

Certaines organisations mafieuses italiennes jouent un rôle déterminant en Suisse, depuis des années, même dans le domaine de la criminalité de base, selon fedpol. Elles pratiquent le trafic de drogue et d’armes, le brigandage et les extorsions de fonds menées avec violence.

Pendant longtemps, la population et les autorités n’ont pas établi de lien entre ces activités criminelles et les mafias italiennes, en raison de la discrétion de ces dernières, admet fedpol dans son rapport publié mardi. Des membres présumés de divers clans italiens se trouvent en Suisse, surtout dans les régions de frontières avec l’Italie et l’Allemagne.

Calabrais et Géorgiens

La N’drangheta calabraise présente une menace particulière. Cette organisation très cloisonnée est active dans le trafic de cocaïne, le brigandage, le trafic d’armes, la criminalité économique et l’extorsion de fonds pratiquée avec violence.

Les mafieux en provenance des anciens pays de l’URSS, et notamment de Géorgie, utilisent quant à eux la Suisse pour blanchir leur argent. Des centaines de millions de francs sont placés, dispersés, puis rassemblés sur des comptes off-shore par le biais de sociétés écrans.

Drogues et prostitution

Côté Balkans, les groupes criminels de souche albanaise dominent le marché de l’héroïne. Ils renforcent leur emprise aussi dans la migration et la prostitution illégales, le brigandage en bande ou les jeux d’argent, l’extorsion de fonds et la falsification de documents. Certains utilisent restaurants, agences de voyages ou autres petits commerces pour camoufler leurs activités criminelles.

Les groupes slaves sont pour leur part spécialisés dans le trafic de stupéfiants, le brigandage et le recel. Le fort impact de la criminalité d’Europe Sud-Est ne cesse de se confirmer en Suisse, relève fedpol. Les Africains continuent de détenir une large part du marché suisse de la cocaïne.

La Suisse n’est pas épargnée par la traite d’êtres humains aux fins d’exploitation sexuelle des femmes. Les victimes sont principalement originaires de Roumaine, de Bulgarie et de Hongrie, mais aussi de Thaïlande, du Brésil ou du Nigéria.

La traite d’êtres humains dans le but d’exploiter le travail n’est le plus souvent pas poursuivie pénalement en Suisse. Fedpol estime donc que le nombre de cas réels est très élevé. Les activités telles que les soins, l’économie domestique, l’agriculture, la restauration et la construction sont les plus susceptibles d« abriter cette forme d’exploitation. La mendicité organisée constitue un autre problème de taille.

Témoins protégés

Désormais, fedpol espère obtenir de précieux renseignements sur des cas de grande criminalité grâce au nouveau service national de protection des témoins. La police a constaté que de potentiels témoins renoncent souvent, par peur ou suite à de fortes menaces, à témoigner à charge si une protection ne leur est pas offerte.

Depuis janvier, les personnes menacées intervenant dans des procédures pénales de la Confédération et des cantons peuvent bénéficier d’une protection efficace.

(ats/Newsnet)

Créé : 25.06.2013, 10h19

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