Affaire Guérini : Veolia au coeur de l’enquête

Mardi 2 juillet 2013

EXCLUSIF

Affaire Guérini : Veolia au cœur de l’enquête

Par Eric Pelletier et Delphine Saubaber, publié le 02/07/2013 à 16:01, mis à jour à 16:17

Le juge Duchaine vient de mettre en examen pour « abus de biens sociaux et recel de trafic d’influence » l’ex-président d’une société marseillaise de traitement des déchets, rachetée en 2000 par le géant français de l’environnement.

[EXCLUSIF] L’« affaire Guérini », qui a mis en évidence des malversations tentaculaires dans les Bouches-du-Rhône, va-t-elle remonter jusqu’au géant français de l’environnement, Veolia ? Le dossier, qui dissèque l’exploitation des décharges et l’obtention de marchés publics présumés frauduleux, a pris un tour nouveau ces dernières semaines.

A la fin du mois de juin dernier, le juge marseillais Charles Duchaine a en effet mis en examen pour « abus de biens sociaux et recel de trafic d’influence » Bruno Vincent. Cet ancien président de la « SMA-Somedis », une société spécialisée dans le traitement des déchets, aujourd’hui âgé de 68 ans, a décrit les conditions du rachat de cette entreprise, dirigée en sous-main par Alexandre Guérini, frère du président du conseil général des Bouches-du-Rhône et ami d’Henri Proglio, alors président de la CGEA (filiale de la future Veolia).

« Des mouvements de grande ampleur » selon Tracfin

La vente litigieuse aux yeux des enquêteurs intervient le 13 décembre 2000. Elle prévoit le versement d’une part fixe (près de 7 millions d’euros) et d’une part variable, qualifiée de « complément de prime », très largement supérieure puisqu’elle dépasse les 26,5 millions d’euros. Ce complément est conditionné à l’obtention d’une autorisation d’extension d’une décharge située à La Fare-les-Oliviers (Bouches-du-Rhône), où sont enfouis les déchets de la région de Salon et Berre-l’Etang.

Deux ans plus tard, la SMA obtient la précieuse autorisation par le biais d’un arrêté préfectoral : elle va pouvoir traiter de gros volumes de déchets. Conformément à l’accord conclu, les fonds sont donc débloqués par Veolia en novembre 2002 et versés au gérant. Ce dernier n’est qu’un homme de paille pour le compte d’Alexandre Guérini. Espagne, Luxembourg, Suisse : la justice a, depuis, remonté la trace des circuits financiers. Ces « mouvements de grande ampleur », selon Tracfin, la cellule de lutte contre le blanchiment de Bercy, ont largement alimenté les comptes de Guérini, véritable patron de la SMA, à hauteur de 80% des parts. Quant à Bruno Vincent, le président de la SMA, il a ensuite été embauché par Veolia, dont il a représenté les intérêts au Maroc. Lire la suite.

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