AS Monaco : Dmitry Rybolovlev, un Russe à la conquête du Rocher

Lundi 12 août 2013 — Dernier ajout mardi 10 octobre 2017

AS Monaco : Dmitry Rybolovlev, un Russe à la conquête du Rocher

Par Pascal Ceaux et Boris Thiolay, publié le 10/08/2013 à 14:23

FOOT - Propriétaire de l’AS Monaco, Dmitry Rybolovlev veut faire de son club un grand d’Europe. Alors que s’ouvre la nouvelle saison, ce milliardaire très secret a mis son immense fortune au service de cette ambition. A moins que ses problèmes conjugaux ne compliquent ses affaires…

De la terrasse circulaire, agrémentée d’une immense piscine et d’une quinzaine d’arbres, la vue sur Monaco est imprenable. Au pied de l’immeuble la Belle Epoque, dont il occupe les deux derniers étages - les quatre autres accueillent des banques -, voici la marina et son armada de yachts rutilants. L’horizon ouvre sur le bleu de la Méditerranée. A gauche, le palace l’Hermitage est mitoyen, et la célèbre place du Casino se trouve à deux pas. A droite, à quelques encablures, le Rocher et le palais du prince Albert II se dessinent dans l’azur. Quand il a racheté, en 2010, ce penthouse de 2000 mètres carrés pour la somme de 240 millions d’euros, Dmitry Rybolovlev est sorti du lot des richissimes Russes qui fréquentent la Principauté. Car cette demeure est l’appartement de trois chambres le plus cher du monde. Qu’on se rassure : à ce prix-là, il s’agit de véritables suites avec dressing, et l’heureux occupant jouit par ailleurs d’une bibliothèque à double étage, d’un Jacuzzi, d’un spa, d’une salle de cinéma, de billard ou d’une pièce réservée aux réunions dont les fauteuils sont convertibles en lits pour d’éventuelles séances de travail tardives. Outre des vitres blindées et une batterie de caméras de surveillance, la demeure renferme aussi une « panic room », pour se réfugier en cas de danger. C’est d’ailleurs dans cette chambre forte inviolable que le banquier libanais Edmond Safra, un ancien propriétaire des lieux, avait trouvé la mort, asphyxié lors d’un incendie criminel en 1999.

[…] L’essentiel des avoirs de Rybolovlev a été placé dans des paradis fiscaux, dont au moins deux trusts chypriotes, Aries et Virgo. Le premier contrôle Odella Resources, une société enregistrée aux îles Vierges britanniques. Par son intermédiaire, le patron de l’ASM a acquis en septembre 2010 9,7% du capital de Bank of Cyprus, pour un montant de 223 millions d’euros. C’est aussi grâce à Aries trust qu’il a offert à sa fille Ekaterina, en avril dernier, les îles de Skorpios, ancienne propriété de l’armateur Aristote Onassis, et de Sparti, au prix de 117 millions d’euros. Virgo, quant à lui, gère entre autres le yacht My Anna, du nom de la fille cadette du milliardaire. Long de 67 mètres et immatriculé aux îles Caïmans, le somptueux navire est estimé aujourd’hui entre 60 et 68 millions d’euros. Le même trust, par le biais d’une autre société immatriculée aux îles Vierges britanniques, abrite également une collection de tableaux de maître : Degas, Van Gogh, Modigliani, Picasso, Chagall, etc., et des meubles d’époque. Leur valeur avoisine les 500 millions d’euros. A tous ces avoirs il faut encore ajouter un patrimoine immobilier colossal, disséminé dans une demi-douzaine de pays et dans les endroits les plus chics. Outre la Belle Epoque, à Monaco - détenue par un autre trust chypriote, Domus - Rybolovlev a acquis, pour lui-même ou pour le compte de ses filles, la Maison de l’Amitié, à Palm Beach (Floride), pour 71 millions d’euros en 2008, une villa à Hawaii (15 millions d’euros), deux chalets de grand luxe à Gstaad (Suisse), la célèbre station de sports d’hiver. Cette dernière opération lui a coûté 158 millions d’euros. A Paris, il s’est offert un hôtel particulier rue de l’Elysée, avec vue sur le palais présidentiel, sous couvert de la SCI Ankatel. L’enfant de Perm, sa ville natale, au pied de l’Oural, n’a pas totalement oublié la Russie. Il possède en effet toujours un appartement dans l’hôtel Moskva en face de la place Rouge, ainsi que le centre commercial Voentorg, à Moscou.

Qui l’eût cru ? Cet immense patrimoine, dont l’étendue n’est même pas entièrement connue, est devenu un souci pour son propriétaire. Il y a presque cinq ans, alors que le couple réside encore en Suisse, son épouse, Elena, demande le divorce. Lassée des incartades de son richissime époux, l’ex-étudiante en médecine exige la moitié de sa fortune pour en finir avec une union vieille de dix-huit ans. Ses soupçons avaient été éveillés dès 2005, lorsque son mari lui avait demandé de signer un document la privant d’une partie de ses droits. Au même moment, Dmitry Rybolovlev avait constitué les deux trusts chypriotes sans l’en informer. Pour Me Marc Bonnant, l’avocat genevois d’Elena, l’opération vise clairement à la dissimulation. « Il feint alors de se dessaisir de ses actifs et pense les mettre à l’abri », dit-il.

En 2010, la justice suisse décide le gel des avoirs gérés par les trusts du milliardaire. Celui-ci poursuit néanmoins ses opérations. Il achète, en 2011, pour son aînée un appartement à New York avec vue sur Central Park pour 66,5 millions d’euros. Au début de cette année, il acquiert Skorpios, toujours pour sa fille. Il lui arrive aussi de vendre. Pour 301 millions d’euros, il cède sa participation dans Kama-Oil, une compagnie pétrolière russe. Lire la suite sur le site de l’Express.

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