En Guinée, les affaires troubles du diamantaire Beny Steinmetz

Samedi 31 août 2013 — Dernier ajout vendredi 13 septembre 2013

En Guinée, les affaires troubles du diamantaire Beny Steinmetz

LE MONDE | 31.08.2013 à 10h29 • Mis à jour le 31.08.2013 à 11h25 | Par Marc Roche (Londres, correspondant)

Cet homme-là n’est pas de ceux qui aiment le grand jour. Pourtant, les perquisitions par les polices française et suisse, mandatées par les Etats-Unis, des locaux de deux compagnies liées au mystérieux milliardaire franco-israélien Beny Steinmetz ont obligé cet aventurier minier à sortir de l’ombre.

L’affaire de la concession de la mine de minerai de fer de Simandou, dans le sud-est de la Guinée (Afrique de l’Ouest), est désormais sur la place publique.

Jeudi 29 août, des policiers ont visité les locaux en France et en Suisse de la société Onyx, un sous-traitant de l’enseigne minière helvétique Beny Steinmetz Group Resources (BSGR). Les enquêteurs ont emporté des documents qui seraient relatifs à l’acquisition controversée, en décembre 2008, de la moitié de l’exploitation de Simandou recelant l’un des gisements de fer les plus importants au monde.

M. Steinmetz avait acquis cette licence d’opération pour 165 millions de dollars (124,8 millions d’euros) grâce à ses appuis auprès du président d’alors, Lansana Conté. En avril 2010, il revendait la moitié de sa participation au brésilien Vale pour… 2,5 milliards de dollars. Même dans l’univers des matières premières qui font et défont les fortunes, pareille plus-value est rare.

POSSIBLES POTS-DE-VIN À D’ANCIENS RESPONSABLES GUINÉENS

A l’origine du scandale, la décision en novembre 2012 d’Alpha Condé, premier président démocratiquement élu de Guinée, de revoir l’ensemble des concessions minières octroyées dans des conditions controversées aux exploitants étrangers.

Washington mais aussi le spéculateur George Soros et l’ex-premier ministre britannique Tony Blair prêtent main-forte aux autorités de Conakry dans cette opération de transparence qui aboutit aux accusations de corruption lancées contre BSGR.

L’ouverture d’une enquête fédérale sur le versement de possibles pots-de-vin à d’anciens responsables guinéens pour remporter des concessions minières conduit le FBI à se lancer aux trousses de M. Steinmetz. Une prétendue tentative de corruption, en avril, en Floride de l’ex-femme d’un dirigeant guinéen conduit à l’arrestation de Frédéric Cilins, un Français associé à M. Steinmetz en Guinée.

[…] Diamants, fer, immobilier, gaz, pétrole, or, médicaments… Les activités de la Beny Steinmetz Group Resources sont éclatées entre une kyrielle de sociétés autonomes. Se présentant comme un « conseiller » ou « un émissaire » du groupe, il n’exerce officiellement aucune fonction de direction.

L’intéressé contrôle les filiales par le truchement d’un trust, structure patrimoniale immatriculée dans la place off shore de Guernesey (îles anglo-normandes) dont il est l’un des bénéficiaires. Cette organisation complexe lui a permis de payer un minimum de taxes au plus grand dam du fisc israélien. Lire la suite.

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