Évasion fiscale : Hubert Fabri, homme d’affaire belge et bras droit de Bolloré, inculpé

Vendredi 11 octobre 2013

Évasion fiscale : Hubert Fabri, homme d’affaire belge et bras droit de Bolloré, inculpé

Mise à jour : vendredi 11 octobre 2013 10h47

Hubert Fabri, homme d’affaire belge de « haut vol », vient d’être inculpé. Il est soupçonné d’évasion fiscale, via, selon nos informations, la SOCFINCO ; une société basée à Ixelles mais dont les actionnaires sont, eux, au Luxembourg. Il est question de plusieurs millions d’euros. Une bombe à retardement ? L’homme est un des bras droits de Vincent Bolloré, patron du groupe Bolloré, la multinationale française.

C’est une affaire qui risque de faire du bruit jusqu’en France… Jean-Claude Van Espen, juge d’instruction bruxellois, vient de lancer une volée d’inculpations à l’adresse d’Hubert Fabri, 60 ans, homme d’affaire belge, et de plusieurs membres de son staff direct.

Le porte-parole du parquet de Bruxelles, Gilles Blondeau, a confirmé à « L’Avenir » la délivrance de ces inculpations. Le dossier est fixé à la date du 17 décembre devant la chambre du conseil. L’instruction est donc bien bouclée. Les inculpations ont été adressées aux intéressés.

Domicilié en Suisse, à Genève, Hubert Fabri a été surnommé le roi du caoutchouc. En 1996, il était déjà propriétaire de près d’un million d’hectares de plantations - sur quatre continents - d’hévéas et de palmiers dont est extraite la précieuse huile.

À la suite d’une enquête de Mediapart

Selon nos informations, le début de l’affaire remonte à 2008. Cette année-là, Mediapart, le site de presse français, révèle qu’une enquête judiciaire est menée dans l’Hexagone ; elle porte sur 92 exilés fiscaux au Liechtenstein.

Côté belge, le juge Van Espen est alors requis pour instruire un dossier concernant Hubert Fabri et ses proches. Il est question de fraude fiscale, de blanchiment, de faux en écriture et de faux bilans comptables. Vincent Bolloré n’est pas, nous dit-on, concerné par cette instruction.

Basée en Belgique, actionnaires aux Luxembourg

Les bases du dossier ? Henri Fabri est administrateur dans de multiples sociétés, tant belges qu’étrangères. L’une de ces sociétés est la SA Financière du Champs de Mars, basée à Ixelles, dont Vincent Bolloré a été président administrateur délégué.

Mais toujours selon nos informations, c’est donc une autre de ces sociétés, la SOCFINCO, dont Fabri est l’administrateur, qui serait le vecteur de l’affaire. Son siège social est basé à Ixelles, à la même adresse que la… Financière du Champs de Mars.

Les deux actionnaires de la SOCFINCO sont basés au Luxembourg et dépendent eux-même d’une société faitière appelée la SOCFIN SA (voir organigramme), dont Fabri est, là, président du conseil d’administration (lire en page 2). Avec, parmi les administrateurs, Vincent Bolloré.

La SOCFIN SA - société sur laquelle Mediapart a largement enquêté -a des participations dans une trentaine d’autres sociétés satellites. Là encore, Fabri est administrateur de plusieurs d’entre elles, dont notamment les sociétés belges Centrages et Immobilière de la Pépinière -, toujours avec Vincent Bolloré.

Des sociétés paravents

Et donc, au centre des préoccupations du juge Van Espen, la SOCFINCO, société basée à Ixelles. En cinq ans, le juge n’a pas chômé. Son instruction l’a amené à multiplier les commissions rogatoires en France, en Suisse, au grand-duché du Luxembourg, au Lichtenstein et à Guernesey aussi. Avec, au final, les inculpations.

Pour faire court, le procureur du Roi, qui a déjà dressé un réquisitoire de renvoi correctionnel, accuse Hubert Fabri et ses proches d’avoir domicilié artificiellement le siège de plusieurs sociétés au Lichtenstein, alors que toutes les décisions seraient arrêtées à Bruxelles.

Des sociétés paravents et un montage fiscal ayant pour objectif de transférer des avoirs vers des paradis fiscaux. Plusieurs millions d’euros auraient ainsi échappé au fisc belge. Lire la suite.

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