Luxembourg, le « cheval noir » de l’offshore

Jeudi 7 novembre 2013

Tax Justice

Luxembourg, le « cheval noir » de l’offshore

Le réseau international Tax Justice a publié son indice des places financières ayant le secret bancaire le plus bétonné. Luxembourg y occupe la 2e place derrière la Suisse.

Par : Véronique Poujol Mis à jour : 07.11.2013 11:56

Dans le classement des 10 juridictions les plus « secrètes » de la planète (Financial Secrecy Index) que le réseau Tax Justice a publié le 7 novembre, le Luxembourg occupe le deuxième rang derrière la Suisse (en 2011, la confédération occupait également cette place), mais devant Hong Kong, les Îles Caïmans et Singapour.

En dépit des progrès accomplis en matière de transparence financière avec le nouveau modèle de convention fiscale de l’OCDE, la directive sur la fiscalité de l’épargne et les accords Facta des États-Unis contre l’évasion fiscale, l’indice de l’organisation montre que « le secret bancaire demeure partout bien vivant ».

Le constat de Tax Justice est sans concession tant sur la Suisse, désignée comme un trublion ayant fait « dérailler » des initiatives sur la transparence financière, que sur le Luxembourg décrit comme le « cheval noir » du monde de l’offshore, offrant « un cocktail toxique de secrets », champion des niches fiscales et présentant une régulation financière « laxiste ».

Jean-Claude Juncker en prend pour son grade

Avec la Suisse comme alliée, le pays a lui aussi contribué à faire échouer les initiatives européennes luttant contre l’opacité financière. « Son appartenance à l’Union européenne le maintient hors de la liste noire des paradis fiscaux et lui donne une position de puissant lobbying dans le plus grand bloc économique du monde », insiste l’organisation dans un communiqué, en saluant toutefois les quelques progrès du pays.

Le Luxembourg est accusé de mener une « danse politique » pour « saboter » la réforme de la directive sur la fiscalité de l’épargne visant à colmater les failles du premier texte de 2003 en étendant son champ d’application à d’autres produits que les seuls revenus d’intérêt.

Le Premier ministre sortant Jean-Claude Juncker en prend aussi pour son grade. L’ONG cite ses affinités pour les réunions secrètes et les débats européens dans les chambres noires et dénonce l’arrogance des propos qu’il avait tenus lors de son dernier conseil des ministres européens contre la transparence.

Clichés

Le classement du Luxembourg s’appuie sur la combinaison de son niveau de secret et d’une pondération liée à sa part du marché mondial des services financiers offshore, dont il détiendrait 12%, selon l’ONG.

John Christensen, le très charismatique président de Tax Justice, n’hésite pas à sortir les clichés, dans la monographie qui est consacrée au cas grand-ducal, désignant le pays comme « l’étoile de la mort » du secret bancaire en Europe en raison de son rôle dominant, dans son partenariat avec la Suisse et l’Autriche, dans le combat contre l’échange d’informations en Europe.

La City de Londres dans le viseur

Néanmoins, dans le communiqué, c’est la Grande-Bretagne qui est le plus visé et qui se voit décerner une mention spéciale de l’indice des juridictions secrètes : « La City de Londres », assure le président de Tax Justice, « utilise le réseau de juridictions pratiquant le secret bancaire et basé sur les territoires dépendants de la couronne britannique et les territoires d’outre-mer pour canaliser de gigantesques flux financiers illicites pour alimenter le boom de l’immobilier de Londres ». Lire la suite sur le journal Paperjam.

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