A Londres, l’argent russe n’est pas toujours propre

Mardi 11 mars 2014

Blanchiment mardi 11 mars 2014

A Londres, l’argent russe n’est pas toujours propre

Eric Albert

Les oligarques déversent leurs milliards sur la capitale britannique, sans que l’origine des fonds soit claire. Le gouvernement de David Cameron refuse pourtant toute sanction

Quand l’ancien président ukrainien Viktor Ianoukovitch a pris la fuite fin février, lui ou ses acolytes ont tenté de se débarrasser, dans l’urgence, de milliers de documents. En les jetant dans la rivière près de sa gigantesque et luxueuse résidence. Pas de chance pour eux : des militants les ont repêchés, séchés et analysés. Une conclusion parmi tant d’autres : au moins jusqu’en septembre dernier, la résidence appartenait juridiquement à une entreprise britannique pour un tiers, et à une banque autrichienne pour deux tiers.

Le montage, mis au jour par le Centre d’action ukrainienne anticorruption, et relayée par l’association Global Witness, illustre les pratiques courantes du blanchiment d’argent. Quelques mois avant que Viktor Ianoukovitch ne devienne président (il était premier ministre), la datcha a été acquise par une entreprise intitulée MedInvestTraid, qui l’a immédiatement revendue à une autre, au nom de Tantalit. Cette dernière a reçu l’autorisation de louer 129 hectares de terrains municipaux à un prix cassé.

Le propriétaire de Tantalit ? Une entreprise autrichienne, Euro East Beteiligungs, possédée à 35% par Blythe (Europe), une structure juridique britannique vide, elle-même possédée à 100% par un trust établi au Liechtenstein, dont le bénéficiaire ultime n’est pas connu. Quant au 65% restant, ils sont au nom de la banque autrichienne Euro Invest Bank.

Au cœur de ce réseau se trouve un homme, autrichien, dont le nom apparaît sur de nombreux montages liés à l’ancien président ukrainien. Eduqué à Zurich, cet ancien d’UBS, de Barclays Wealth et de la société juridique suisse Geneva Group International, se vante sur sa page LinkedIn de posséder Compaserve SE, une entreprise spécialisée dans la création de structures juridiques opaques, notamment les trusts.

La résidence de Viktor Ianoukovitch illustre le réseau que suit l’argent de nombreux oligarques de Russie et des pays voisins. A en croire les militants anti-blanchiment d’argent, la ville au cœur de ces montages juridiques est Londres. Lire la suite sur le site du journal Le Temps.

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