Alexeï Mordachov, l’influent homme pressé de Severstal

Jeudi 26 octobre 2006 — Dernier ajout dimanche 6 mai 2007

Alexeï Mordachov, l’influent homme pressé de Severstal

Challenges.fr | 26.10.2006

Les Français ont fait sa connaissance en tant que « chevalier blanc », malheureux, d’Arcelor lors de l’OPA de l’indien Mittal. Alexeï Mordachov, 41 ans, pèse 7,6 milliards de dollars selon le classement du magazine Forbes. Il est aussi l’un des favoris du président Vladimir Poutine, qui l’avait chaudement recommandé à Jacques Chirac.

Son parcours illustre la toute-puissance de la « Petersbourg Connexion » dans la Russie de Poutine. C’est dans la capitale du Nord qu’il noue les contacts décisifs pour sa carrière. Il y suit, à la fin des années 1980, des études supérieures à l’Institut d’ingénierie économique, dont le doyen de l’époque n’est autre qu’Anatoli Tchoubaïs, « père » des privatisations controversées des années de transition et qui dirige aujourd’hui la société nationale d’électricité RAOEES Rossii.

Mordachov sera son assistant et fréquentera son Club Perestroïka, fondé en 1987, où il a pu faire la connaissance d’Alexeï Miller, l’actuel directeur général du géant Gazprom. En 1988, Mordachov intègre le combinat métallurgique de Tcherepovets, dont il devient le directeur économique et financier en 1992, après un stage de deux ans en Autriche chez Voest-Alpine AG. Entre 1993 et 1996, le jeune homme organise la privatisation du combinat - rebaptisé OAO Severstal - et se rend maître de l’entreprise en lieu et place des « directeurs rouges ».

La courroie de transmission avec le président russe est assurée par le biais de deux financiers de Saint-Pétersbourg aussi influents que discrets - Vladimir Kogan et Iouri Kovaltchouk -, qui dirigent respectivement la Promstroïbank et la banque Rossia, qui serait d’ailleurs devenue l’un des principaux actionnaires de Severstal. Les deux banquiers sont des hommes clés du système. Ils auraient ainsi joué un rôle important dans les montages, particulièrement opaques, qui ont conduit au rachat, fin 2004, de la principale filiale du groupe pétrolier Ioukos par la mystérieuse société écran Baïkal Finance, avalée à son tour par la compagnie publique Rosneft de Sergueï Bogdantchikov.

Ayant dû s’incliner face à Mittal Steel, Alexeï Mordachov est aujourd’hui sur la défensive. Il cherche à faire oublier son échec d’Arcelor en introduisant Severstal à la Bourse de Londres. Très écouté par Poutine, il incarne la jeune garde des oligarques protégés du Kremlin. Et jouit d’une certaine considération auprès de la communauté financière internationale : l’agence américaine Moody’s vient de relever sa notation de crédit.

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