Interrogations sur les comptes de M. Marchiani

Vendredi 1er juin 2001 — Dernier ajout vendredi 22 juillet 2011

L’Express, Interrogations sur les comptes Marchiani, 03/05/2001 (Jérôme DUPUIS et Gilles GAETNER) : « En novembre, lors d’une perquisition au domicile parisien de l’ancien préfet du Var, les enquêteurs étaient tombés sur des bordereaux de remises en liquide sur les comptes de ses deux fils, âgés de 20 et 24 ans. […] Des comptes bien provisionnés : ainsi, l’aîné a reçu 227 200 francs en espèces, en 19 versements […] [et] son cadet […] 182 700 francs. […] Au cours de l’année 2000, de gros chèques viennent enrichir ces comptes pour un montant de 1 292 000 francs. […]

Les juges n’ont pas manqué de faire un rapprochement entre ces sommes et celles figurant sur les notes de la secrétaire de Falcone. On y lisait qu’un certain “Robert” – nom de code de Jean-Charles Marchiani – aurait perçu, pour lui ou son parti politique (le RPF), 300 000 dollars, en novembre 1997, puis 450 000 dollars, au début de l’année 1999. […] Selon lui, les sommes qu’il déposait sur les comptes de ses fils proviendraient des fonds spéciaux de la République et de “fonds privés assurant [sa] sécurité à l’étranger”. […]

[Cependant] les enquêteurs ont saisi, le 29 novembre 2000, un projet de contrat de vente d’armes à destination de l’Angola, annoté de la main de Marchiani. Établi au nom d’une société libérienne, la Culworth Investment, et daté du 21 février 1994, ce contrat porte sur un montant de plus de 33 millions de dollars. […] [Le] général Miala, chef des services secrets angolais, […] écrivait, le 29 mars 1995, à son “illustre ami” Marchiani : “J’aimerais vous remercier pour l’engagement personnel que nous avons pu afficher à vos côtés, et nous saurons comment vous rembourser pour tout dans le futur, quand nous serons en paix” ». [Tout cela est en effet très personnel et familial – y compris l’alibi classique des « fonds spéciaux ». Dans Lusotopie 2000, un excellent éditorial de Christine Messiant, L’Angola ? Circulez, il n’y a rien à voir !, montre comment la stratégie du régime angolais est en réalité profondément hostile à la paix civile (comme celle de la pétro-junte algérienne). Luanda a-t-il attendu cette paix pour « rembourser », au moins partiellement, l’illustre vendeur d’armes ?]

Le Canard enchaîné, Des dizaines de millions ont transité par les cagnottes suisses du préfet Marchiani, 02/05/2001 (Nicolas BEAU) : « Dernière découverte des enquêteurs français et suisses dans l’affaire Falcone : Jean-Charles Marchiani possédait trois comptes à Genève. Et plusieurs dizaines de millions de francs sont passés par ces discrètes cagnottes suisses […]. Des liens financiers apparaissent entre Marchiani et Étienne Leandri. […] Les juges français et suisses estiment actuellement entre 10 et 20 millions les modestes économies que Marchiani aurait conservées sur ses propres comptes. Cette cagnotte pourrait expliquer, par exemple, les dépôts effectués en espèces sur les comptes de ses proches ».

Le Canard enchaîné, Cet argent qui venait d’Angola, 02/05/2001 (Hervé MARTIN) : « Les enquêteurs font remonter à 1993, ainsi qu’ils l’écrivent, “ce soutien de M. Falcone à l’activité politique de M. Pasqua”. […] Les policiers rappellent l’“accord politique” passé en 1994 entre Pasqua et le président angolais Dos Santos ». [Depuis 1993, donc, un pan de la politique française serait lié au sort de l’une des factions de la guerre civile angolaise. Le “souverainiste” Pasqua s’est bien gardé de l’expliquer à ses électeurs. Le débat démocratique a des limites… ].

Extrait de Billets d’Afrique et d’Ailleurs N°93 - Juin 2001 -

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