Le parquet général favorable à l’extradition de Moukhtar Abliazov vers l’Ukraine

Lundi 29 septembre 2014

Le parquet général favorable à l’extradition de Moukhtar Abliazov vers l’Ukraine

Publié le 25.09.2014, 21h22

Le parquet général de Lyon s’est prononcé jeudi en faveur d’une extradition de l’oligarque et opposant kazakh Moukhtar Abliazov vers l’Ukraine, qui l’accuse d’une vaste fraude financière là où il se dit victime d’une persécution politique. La chambre de l’instruction a mis sa décision en délibéré dans un délai d’un mois. Elle a également renvoyé l’examen de la demande d’extradition de la Russie au 17 octobre.

La défense d’Abliazov, ancien banquier et ministre kazakh détenu en France depuis son arrestation dans les Alpes-Maritimes le 31 juillet 2013, a réclamé sa remise en liberté, l’intéressé acceptant à cette fin de verser une caution de 100.000 euros, d’être assigné à résidence et placé sous bracelet électronique. « Quatorze mois (de détention, ndlr) c’est très long, c’est trop long », a lancé Me Bruno Rebstock, l’un de ses avocats. La cour rendra son arrêt sur ce point le 6 octobre.

L’Ukraine et la Russie accusent Abliazov d’avoir détourné, via des opérations financières effectuées sur leur sol, des milliards de dollars quand il dirigeait la première banque kazakhe, BTA. Mais pour la défense, Kiev et Moscou ne sont dans cette affaire que des faux-nez d’Astana et M. Abliazov, ennemi de Noursoultan Nazarbaïev après avoir été son ministre, jouerait sa vie s’il était extradé.

BTA, au bord de la faillite, fut nationalisée en février 2009 et Abliazov s’exila au Royaume-Uni où il obtint l’asile politique, tout en voyant ses actifs gelés et son passeport confisqué dans le cadre de procédures civiles intentées par les nouveaux dirigeants de la banque. A la veille d’une condamnation à 22 mois de prison ferme pour outrage par la Haute Cour de Londres, il quitta clandestinement l’Angleterre en février 2012.

  • question de confiance -

Dix-huit mois plus tard, traqué par des détectives privés payés par BTA, il fut interpellé dans une villa de Mouans-Sartoux par la police française et placé sous écrou extraditionnel à la demande de l’Ukraine, en vertu d’un mandat d’arrêt datant de 2010.

Arrestation régulière, de l’avis du parquet général. Pas pour la défense, qui conteste le mandat ukrainien, obtenu par la justice française cinq mois après l’arrestation. Au-delà, les avocats de M. Abliazov dénoncent « un dossier fabriqué de bout en bout par un policier corrompu ».

Selon la défense, ce policier ukrainien aurait d’ailleurs été condamné, ce mercredi, par un tribunal de Kiev, après que des soupçons à son encontre eurent conduit, en avril, la Haute Cour de Londres à refuser l’extradition d’un proche d’Abliazov. Le consul honoraire de l’Ukraine à Lyon, présent dans la salle d’audience, a cependant fait savoir, par la voix de l’avocate générale, que le Premier ministre ukrainien aurait pris jeudi « un décret » lavant le policier de tout soupçon.

Qui croire ? Pour la défense, la crise politique que traverse l’Ukraine devrait à elle seule conduire la cour à ne pas extrader. A l’instar de plusieurs pays européens qui récemment se sont opposés à des demandes ou des tentatives d’extradition de co-accusés d’Abliazov.

A maintes reprises, la cour et le parquet général ont rappelé que seule la conformité de la demande ukrainienne était examinée ici, pas le fond des accusations. « On est tenu par la convention d’extradition, qui repose sur la confiance » entre pays signataires, a dit l’avocate générale. « La confiance, c’est le mot ! », a rétorqué la défense, qui a tenté en vain de faire témoigner des défenseurs des droits de l’homme sur le système judiciaire et carcéral ukrainien.

AFP

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