La justice porte le coup de grâce à l’empire Espirito Santo

Vendredi 17 octobre 2014

La justice porte le coup de grâce à l’empire Espirito Santo

AFP 17 octobre 2014 à 14:16 (Mis à jour : 17 octobre 2014 à 15:52)

Le dernier domino est tombé : la justice luxembourgeoise a poussé vendredi les deux principales holdings de l’empire portugais Espirito Santo à la faillite, portant l’estocade à une dynastie bancaire vieille de près de 150 ans.

Incapables d’honorer leurs dettes, Espirito Santo International (ESI) et Rioforte ont vu leurs espoirs anéantis. Le tribunal de commerce de Luxembourg a refusé leur mise en redressement judiciaire, ouvrant la voie à la liquidation de leurs actifs.

Espirito Santo International, la holding de tête du groupe, et Rioforte, qui rassemble ses branches non financières, sont ainsi privées d’un sursis pour le paiement de leurs énormes dettes.

Deux autres entités du groupe, la holding Espirito Santo Financial Group, principal actionnaire de Banco Espirito Santo (BES), et sa filiale Espirito Santo Financière ont été déjà mises en liquidation vendredi dernier.

Sorti en mai de son plan d’aide financière, le Portugal assiste ainsi à l’effondrement d’un conglomérat proche des pouvoirs politiques successifs et omniprésent dans le pays à travers une myriade de sociétés dans la santé, l’assurance, l’immobilier et l’hôtellerie.

  • ’Tragédie’-

« La saga d’une famille extrêmement influente dans la société portugaise se termine en tragédie. Et l’économie portugaise en prend également un coup », a déclaré à l’AFP Domingos Amaral, professeur d’économie à l’Université catholique portugaise.

Aux ramifications tentaculaires au Portugal, mais aussi en Suisse, en Angola, aux Etats-Unis ou encore à Dubaï, la galaxie Espirito Santo devrait emporter dans sa chute d’autres entreprises, après avoir déjà lésé des dizaines de milliers de petits actionnaires et créanciers à travers le monde.

« La faillite est une très mauvaise nouvelle pour la famille Espirito Santo qui espérait pouvoir restructurer le groupe. Maintenant tout sera vendu à des prix au rabais. Les créanciers sont également perdants, car ils vont récupérer moins d’argent », explique M. Amaral.

Début août, l’Etat portugais et les banques ont dû mettre la main à la poche pour sauver le joyau du groupe, Banco Espirito Santo, rebaptisé Novo Banco. Renflouée à hauteur de 4,9 milliards d’euros et délestée de ses actifs toxiques, la banque cherche actuellement un repreneur.

La faillite des holdings du groupe complique encore la donne pour Novo Banco, qui s’est engagé à rembourser certains titres de dette de son encombrant prédécesseur.

« Avec la faillite des holdings qui lui doivent de l’argent, la banque risque de tout perdre. Elle recevra au mieux le produit de la vente des actifs du groupe », a commenté à l’AFP Nuno Vieira, un des avocats des petits actionnaires de BES.

  • Pratiques occultes -

Les pratiques occultes du groupe avaient éclaté au grand jour avec la découverte en mai d’irrégularités comptables au sein de la holding ESI, qui a précipité le départ en juin du PDG de BES Ricardo Salgado.

Le patriarche de la famille a été arrêté et mis en examen un mois plus tard dans le cadre d’une affaire de blanchiment d’argent, puis libéré contre une caution de 3 millions d’euros.

Sous le coup de plusieurs enquêtes judiciaires, la famille Espirito Santo est sur la sellette pour avoir utilisé la banque pour financer ses dettes, estimées à plus de 6 milliards d’euros.

L’histoire de la dynastie Espirito Santo a commencé en 1869 avec la création d’un bureau de change à Lisbonne qui deviendra la banque Espirito Santo.

En 1975, après la chute de la dictature, la banque est nationalisée avant d’être reprivatisée et reconquise par la famille Espirito Santo, grâce à une alliance avec le français Crédit Agricole qui a pris fin en mai dernier.

Le démantèlement du groupe a débuté dès septembre avec la décision de Novo Banco de céder l’assureur Tranquilidade au fonds d’investissement américain Apollo.

Puis, Rioforte a vendu son réseau d’agences de voyages, Espirito Santo Viagens, au fonds d’investissement suisse Springwater.

Et le conglomérat chinois Fosun a remporté jeudi la bataille boursière pour le rachat de la branche santé du groupe, Espirito Santo Saude.

AFP

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