L’évasion fiscale vue de l’intérieur

Mercredi 5 novembre 2014

L’évasion fiscale vue de l’intérieur

3 novembre 2014 | Bruno Geoffroy

Édifiant, intelligent, dévastateur. Projeté au Festival du nouveau cinéma 2014, le documentaire Le prix à payer (aussi appelé La Face cachée de l’impôt), du réalisateur canadien Harold Crooks, assène un uppercut moral à certaines multinationales de ce monde. Celles qui envoient des milliards de dollars dans les paradis fiscaux et privent les gouvernements de recettes substantielles.

L’évasion fiscale, pratique certes légale mais très discutable, est-elle juste ? Dans son film, Harold Crooks se pose la question et embarque le spectateur dans un voyage fascinant, des origines de l’évasion fiscale à ses dommages collatéraux, en passant par les rives de la moralité.

Un voyage qui retrace le transfert des actifs et des profits des entreprises au début des années 1960 sous l’impulsion de la City de Londres, avant de prendre son envol dans les années 80 avec les administrations Thatcher et Reagan. Atterrissage dans les années 2010 pour un constat consternant : l’évitement fiscal a directement contribué à la domination du 1 % de la population détenant les plus hauts revenus à l’échelle planétaire et a creusé les disparités salariales et l’inégalité de la richesse.

Gruger les acquis sociaux

Inspiré du livre La Crise fiscale qui vient, de la fiscaliste québécoise Brigitte Alepin, Le prix à payer explique comment les banquiers de la City ont mis hors de portée des finances publiques des sommes colossales. Près de 32 000 milliards de dollars seraient détenus dans les paradis fiscaux (soit de 10 à 15 % de la richesse privée), selon le Réseau pour la justice fiscale, un groupe de défense britannique cité dans le film.

Conséquence : la finance offshore sape les avancées sociales majeures du 20e siècle et les fondements de l’État-providence : érosion de la classe moyenne, disparition progressive du filet de sécurité sociale et mise à mal de l’impôt progressif. En filigrane : la démocratie vacillante. Ce n’est pas Harold Crooks qui le dit, mais un panel d’économistes réputés, d’universitaires, de journalistes, de militants ou de transfuges de la finance conviés à s’exprimer librement. Lire la suite.

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