Affaire Elf

Samedi 26 mai 2007 — Dernier ajout mercredi 5 septembre 2007

Affaire Elf

Marianne, Une bombe dans les soutes de la Ve République, 13/07/1998 (Thomas VALLIÈRES) : « Derrière l’affaire Dumas pourrait bien se cacher le plus énorme scandale de la Ve République : celui de la répartition des commissions sur les grands marchés internationaux et, en particulier, sur celui des ventes d’armes. […].

C’est ainsi qu’en octobre 1993 se tint, dans une maison de Gordes, une réunion à l’occasion de laquelle fut répartie la commission générée par un contrat d’armement entre la France et l’Arabie Saoudite. Il s’agissait, à l’origine, de la contrepartie du contrat de prêt, portant le nom de code "Joséphine", qui avait été négocié avec Riad en 1982. L’intermédiaire était Akram Ojjeh et la négociation avait eu lieu dans les locaux parisiens de la Saudi Trading Bank (banque du groupe Hariri). Le contrat fut cassé par les Saoudiens pour cause de montant des commissions [françaises] trop élevé.

Mais une partie en fut renégociée en 1993 et l’on serait surpris d’apprendre quels étaient les personnages qui participaient à cette séance de répartition et de distribution des restes. À l’évidence, Roland Dumas est convaincu que nul n’a intérêt à faire sauter le couvercle de la marmite. Cette fois, ce qui reste de la Mitterrandie n’y survivrait pas. Mais elle pourrait entraîner, dans sa chute finale, d’autres clans qui, eux, détiennent encore une parcelle de pouvoir ».

[L’affaire "Joséphine" et les fabuleuses commissions adjacentes (capables d’effaroucher des Saoudiens), scellent l’entrée du clan mitterrandien dans une corruption sans bornes. C’est aussi l’année du limogeage de Jean-Pierre Cot.

À noter que le milliardaire Rafic Hariri est devenu un intime de Jacques Chirac.

Une question : étant donné le degré de corruption atteint, est-il normal que Thomas Vallières doive, par prudence, ne pas citer les noms des participants de la réunion de Gordes, et qu’ils restent ainsi le secret partagé d’un cercle d’initiés ?

Dans une démocratie, après un tel article, un juge ou une commission d’enquête parlementaire devraient pouvoir interroger Thomas Vallières.

D’autant qu’est concerné le garant en chef de notre Constitution - explicitement protégé, en l’occurrence, par le Président de la République.

Mais l’excès de la corruption est peut-être devenu constitutif de cette République. Ce qui explique que nous puissions dépêcher nos experts constitutionnels auprès des potentats corrompus de la Françafrique… ].

Extrait de Billets d’Afrique et d’Ailleurs N°61 - Août-Septembre 1998 -

Billets d’Afrique et d’Ailleurs est la revue mensuelle éditée par Survie.

Publié avec l’aimable autorisation de l’Association Survie.

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