Inculpations pour corruption dans l’affaire Petrobras au Brésil

Mardi 16 décembre 2014

Inculpations pour corruption dans l’affaire Petrobras au Brésil

vendredi 12 décembre 2014 01h15

CURITIBA, Brésil, 12 décembre (Reuters) - Des dirigeants appartenant à six des principales entreprises brésiliennes de construction mécanique ont été inculpés pour avoir constitué un cartel qui transférait des rétrocommissions du géant public pétrolier Petrobras vers le Parti des travailleurs de la présidente Dilma Rousseff et ses alliés.

Ces dirigeants ont également été inculpés de corruption et de blanchiment d’argent dans cette affaire qui apparaît embarrassante pour le gouvernement brésilien moins de deux mois après l’élection présidentielle.

L’affaire, qui consistait pour les sociétés à verser des pots-de-vins pour obtenir des contrats avec Petrobras, pourrait impliquer plusieurs dizaines d’hommes politiques et fragiliser le gouvernement de Dilma Rousseff contrainte de compter sur une coalition affaiblie avant le début de son deuxième mandat le 1er janvier.

Au total, le parquet a engagé des poursuites contre 36 personnes, dont 22 travaillaient pour les sociétés OAS , Camargo Correa, UTC Engenharia, Galvao Engenharia, Mendes Junior et Engevix.

« Ces personnes ont volé la fierté du peuple brésilien », a estimé le procureur général brésilien Rodrigo Janot, promettant de mener la procédure judiciaire « jusqu’à son terme ».

Selon les actes d’inculpation, les sociétés en question formaient un « club » pour s’assurer le monopole des contrats Petrobras. Les dessous-de-table versés représentaient 1% à 5% du montant des contrats. Les fonds étaient versés via de fausses factures à des sociétés-écran qui n’avaient pas de salariés la plupart du temps.

Les enquêteurs cherchent à récupérer environ 1,18 milliard de reals (360 millions d’euros) des sociétés impliquées. Les dirigeants d’autres entreprises de construction mécanique pourraient être inquiétés.

Les accusés, dont certains sont détenus depuis près d’un mois à la prison de Curitiba où l’affaire a été mise au jour, risquent des peines pouvant dépasser 20 ans de réclusion.

« Nous menons une guerre contre l’impunité et la corruption », a déclaré le procureur Deltan Dallagnol devant la presse. « La victime de ce complot est Petrobras », a-t-il ajouté.

Dilma Rousseff fut présidente du conseil d’administration de Petrobras de 2003 à 2010, période au cours de laquelle les enquêteurs pensent que plus de 10 milliards de reals (3 milliards d’euros) auraient été transférés de Petrobras vers le Parti des travailleurs.

La présidente brésilienne dément avoir eu connaissance de ces pratiques et réfute toute implication. (Caroline Stauffer ; Pierre Sérisier et Danielle Rouquié pour le service français)

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