L’affaire Clearstream enfin au clair

Dimanche 25 janvier 2015

L’affaire Clearstream enfin au clair

Publié le 25/01/2015 à 07:18

Cinéma

Denis Robert, c’est l’homme seul, le journaliste qui a dénoncé dans les années 2000 les opérations de la banque luxembourgeoise Clearstream, tombant au passage sur les commissions sur les ventes de frégates à Taiwan, en pleine guerre entre les ministres Villepin et Sarkozy…

Rincé, mais blanchi par la Cour de cassation de toutes les accusations qui le harcelaient (« J’ai été l’objet de 63 procédures », énumère-t-il), Denis Robert a fait un travail aujourd’hui reconnu « d’intérêt général ». Il ne lui manquait plus qu’une réhabilitation grand public. Celle que lui offre le réalisateur Vincent Garenq dans « L’Enquête » est éclatante, car elle éclaire enfin l’affaire.

Argent sans traces

Luxembourg, paradis fiscal ? « C’est un leurre », estime Denis Robert (le vrai, en ambassadeur du film qui sortira le 11 février), « le piège infernal, c’est la dématérialisation de l’argent, lorsque l’informatique est entrée dans la finance et a inventé la rapidité. » Le film raconte comment les opérations effectuées étaient effacées d’un simple clic dans « la banque des banques », rendant illusoire une quelconque traçabilité.

Présenté cette semaine en avant-première à Toulouse, le film a fait transpirer toute l’équipe : huit scénarios avant d’arriver à une formule définitive, et un montage que le réalisateur a repris de A à Z, pour livrer un western financier efficace. Gilles Lellouche y campe un enquêteur obstiné, parfois fragile mais résistant aux coups dans une course qui fut mortelle pour certains.

Aidé dans son enquête par un informaticien de la banque et un auditeur dont les mémos finissaient à la poubelle, Denis Robert a mené l’enquête pendant 12 ans, nourrissant le travail du juge Renaud Van Ruymbeke.

Constat amer : insaisissable, l’argent continue de circuler à la vitesse de la lumière dans les banques. Denis Robert, entre autres projets, veut aujourd’hui enquêter sur la privatisation de Gaz de France, pour savoir « qui a vendu la chaleur des pauvres ».

Pierre Mathieu

Source de l’article.

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