Les flux financiers illicites massifs freinent le développement en Afrique

Lundi 2 février 2015

Publié le 01 février 2015 à 10h01 | Mis à jour le 01 février 2015 à 10h01

Les flux financiers illicites massifs freinent le développement en Afrique

Agence France-Presse ADDIS ABEBA

Les flux financiers illicites, en constante augmentation, font perdre au moins 50 milliards de dollars à l’Afrique par an, menaçant son développement, a averti dimanche à Addis Abeba un groupe de travail mandaté par l’ONU.

Ce montant de 50 milliards de dollars, certainement sous-évalué, représente davantage que l’aide au développement reçue par l’Afrique, avancent les auteurs du rapport commandé par l’Union africaine et la commission économique pour l’Afrique de l’ONU, dirigé par l’ex-président sud-africain Thabo Mbeki et adopté samedi par le sommet de l’UA.

Selon M. Mbeki, cité dans le rapport, cette situation d’un continent « créancier net pour le reste du monde » est d’autant plus paradoxale que l’Afrique « souffre toujours d’une insuffisance critique de ressources à consacrer au développement ».

Corruption, trafics de drogue, de minerais, d’armes, contrebande, financement du terrorisme, évasion fiscale, les flux financiers illégaux prennent de multiples visages.

« Les grandes entreprises sont de loin les principales coupables des sorties illicites de capitaux, la criminalité organisée vient aussitôt après », ajoute M. Mbeki, soulignant aussi le rôle-clé de la corruption et des problèmes de gouvernance dans la sortie des capitaux.

Mais, quelles que soient leurs formes, les flux illicites ont tous la même conséquence sur le développement, disent les auteurs, préconisant mesures douanières, fiscales, commerciales, bancaires ou anti-corruption pour les combattre.

« Quand des sommes importantes sont transférées illégalement hors des pays africains, leur économie ne peut pas profiter des effets multiplicateurs qu’aurait l’utilisation intérieure de ces ressources (…) sous forme de consommation ou d’investissement », dit le rapport. « Ces occasions perdues retentissent négativement sur la croissance et en fin de compte sur la création d’emplois en Afrique ».

Si les auteurs se félicitent du taux de croissance moyen enregistré en Afrique ces dernières années (autour de 5%), ils notent aussi que le continent est loin de la croissance à deux chiffres « qui a propulsé la transformation des économies dans certaines régions d’Asie ».

Ils en appellent à la « volonté politique » des gouvernements africains, mais aussi des pays destinataires des flux, hors du continent, pour endiguer le phénomène.

Se félicitant de la publication du rapport, des ONG comme Oxfam et Action Aid International ont insisté sur la nécessité d’une réponse globale à un problème qui dépasse l’Afrique.

Car, a souligné Henry Malumo d’Action Aid International, « la plupart de l’argent qui quitte l’Afrique illégalement à travers l’évasion fiscale ou la corruption termine dans des banques en Europe et aux États-Unis ».

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