Andorre, le paradis fiscal perdu

Lundi 2 février 2015 — Dernier ajout vendredi 6 février 2015

Andorre, le paradis fiscal perdu

François MUSSEAU 2 février 2015 à 19:26

RÉCIT

Les fraudeurs espagnols, effrayés par la création d’un impôt sur le revenu dans la principauté et la volonté de l’exécutif local de vouloir ébrécher encore plus le secret bancaire, exfiltrent leur argent.

Longtemps, les douaniers n’avaient d’yeux que pour les contrebandiers du tabac. Certes, ceux-ci n’ont pas disparu : en 2013, la Garde civile a mis la main sur plus de 100 000 paquets de cigarettes, pour une valeur d’environ un demi-million d’euros. Mais ce qui était depuis les années 70 l’un des négoces les plus juteux entre l’Espagne et Andorre est désormais largement dépassé par un autre bien qui cherche à franchir la frontière sans attirer l’attention : l’argent.

De source policière, la majorité des 7 000 Espagnols qui transitent chaque jour en direction ou en provenance de cette minuscule principauté de 468 km2 tentent systématiquement de rapatrier l’argent qu’ils avaient placé dans ses banques. Landaus d’enfant à double fond, doublures de manteau, valises portées par des personnes âgées au-dessus de tout soupçon… Ces touristes d’un jour ne sont pas avares d’astuces pour dissimuler des liasses de 100 et de 200 euros. Mais les douaniers espagnols ont l’œil exercé et leurs chiens, le museau affiné. Si bien que la plupart des fraudeurs se contentent d’emmener avec eux le maximum légal de 10 000 euros, quitte à faire plusieurs voyages dans la journée ou dans la semaine. En 2013, la Garde civile a saisi 3,1 millions d’euros à la frontière, soit 12% de plus que l’année précédente. Les statistiques n’ont pas encore été communiquées pour 2014, mais la hausse des montants saisis serait sensible.

Sanctuaires.Si tant d’Espagnols s’évertuent à vider leurs comptes bancaires d’Andorre pour en ramener le contenu chez eux avant, qui sait, de le placer dans un autre pays, c’est parce que la principauté n’est plus le paradis fiscal qu’elle était. Cette riche petite contrée, où le revenu par habitant annuel atteint 34 975 euros (contre 22 700 en Espagne), a amorcé un virage en 2008, lorsque la crise économique a commencé à faire ses ravages et fait chuter les recettes : à l’époque, un premier impôt direct sur l’activité des entreprises est instauré, mettant fin au tabou qui faisait d’Andorre l’un des sanctuaires de l’évasion fiscale. Mais aujourd’hui, cette révolution financière va bien plus loin. Lire la suite sur le site du journal Libération.

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