Bataille d’influence chez les économistes français

Mardi 3 février 2015

Bataille d’influence chez les économistes français

Frantz DURUPT 2 février 2015 à 14:40 (Mis à jour : 2 février 2015 à 16:18)

DEBATS Les économistes hétérodoxes, minoritaires, voulaient une section universitaire. Les orthodoxes, menés par le Nobel Jean Tirole, leur ont mis des bâtons dans les roues. Avec, en toile de fond, deux visions différentes de la place de l’économie dans la société.

Extraits de l’article mis en ligne sur le site du journal Libération :

A quoi servent les économistes ? La question n’est pas nouvelle, mais elle a pris ces derniers jours un relief particulier, à coup de tribunes et de lettres aux autorités. A notre droite, l’école des économistes libéraux, dits « orthodoxes », majoritaires dans l’enseignement supérieur et dans les médias en France, et dont le récent prix « Nobel » (1) Jean Tirole est une figure. A notre gauche, les économistes « hétérodoxes », issus de la tradition marxiste, assumant une vision politique de leur matière, minoritaires. Leurs figures s’appellent Frédéric Lordon ou Thomas Coutrot.

Entre eux, les différends sont fondamentaux, et anciens. Aujourd’hui, il s’agit ni plus ni moins de la place de chacun dans l’enseignement de l’économie en France. A l’origine, il y a la volonté de l’Association française d’économie politique (Afep), qui réunit plusieurs hétérodoxes depuis 2009, de constituer une nouvelle section d’économie dans les universités. Intitulée « Institutions, économie, territoire et société », celle-ci accorderait plus de place aux sciences humaines, afin d’envisager l’économie dans ses applications concrètes, et non sous l’angle technique qui préside aux études d’un Jean Tirole.

[…] Au fond, c’est cela qui se joue aussi : des économistes ayant promu la dérégulation des marchés, qui a conduit à la crise de 2008, font encore aujourd’hui figure de référence. Ils continuent d’être invités dans les médias, sans même que soient dits leurs rapports avec des banques et des entreprises qui ont tout intérêt à voir leurs théories appliquées. Dans un article publié sur Mediapart au lendemain de l’attribution du Nobel à Jean Tirole, le journaliste Laurent Mauduit soulignait que l’Ecole d’économie de Toulouse (Toulouse School of Economics pour les initiés), fondée par Tirole, avait été largement financée par Axa, BNP Paribas, le Crédit agricole ou encore Total. Autant d’entreprises qui n’ont que modérément intérêt à voir une pensée économiste de tradition marxiste faire son chemin jusque dans les têtes.

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