L’affaire : le paris perdu des dictateurs

Vendredi 6 février 2015

L’affaire : le paris perdu des dictateurs

Pour les dirigeants étrangers qui mènent grand train à Paris grâce à des fonds publics, c’est la fin de l’impunité. Juges français et Etats spoliés lancent l’offensive contre leurs biens mal acquis, dont la valeur frôle le milliard d’euros.

Thierry Lévêque | 04 Févr. 2015, 11h30 | MAJ : 04 Févr. 2015, 18h39

Longtemps, la loi du silence fut de mise. Ces dictateurs menaient grand train dans les commerces chics des beaux quartiers et les imposantes suites des palaces parisiens. Ils organisaient fréquemment des fêtes outrancières avec amis mondains et courtisans, parfois des prostituées de luxe, dans leurs propriétés.

Des « biens mal acquis » achetés grâce à l’argent public de leur pays.

Pendant trois ou quatre décennies, ces chefs d’Etat ont ainsi acquis pour eux et leurs familles les plus beaux appartements et hôtels particuliers. Sans vouloir s’interroger sur ces flots d’argent, les notaires, agents immobiliers, banquiers, architectes, hommes d’affaires leur ouvraient grand leurs portes. C’est donc peu dire que le coup de massue qui s’abat actuellement sur cet univers le laisse tétanisé. Plusieurs événements annoncent, selon nos informations, une offensive d’huissiers et de policiers contre les trésors parisiens de ces dirigeants.

Cette accélération est le fait des juges, le pouvoir politique français se montrant plutôt embarrassé. C’est contre sa volonté, et malgré l’opposition du procureur de Paris, que la Cour de cassation avait ouvert la brèche en permettant une première enquête, le 9 novembre 2010. La plus haute juridiction de France avait considéré, pour la première fois, que la plainte d’une ONG, Transparency International en l’occurrence, pouvait légalement obliger la justice à enquêter, les Etats victimes des prédateurs étant dans l’incapacité de se défendre puisqu’ils étaient dirigés par leurs propres pillards. Ce fut l’œuvre des associations Transparency International, Sherpa, CCFD-Terre solidaire et de leur avocat William Bourdon, qui déposa les premières plaintes en 2007 et 2008.

La brèche s’élargit aujourd’hui et cinq informations judiciaires conduites par les ténors du pôle d’instruction financier de Paris, Roger Le Loire, René Grouman, Renaud Van Ruymbeke et Serge Tournaire, sont aujourd’hui ouvertes sur les richesses frauduleuses imputées aux dirigeants ou ex-dirigeants de Guinée équatoriale, République du Congo, Egypte, Tunisie, Syrie, Ouzbékistan et du Gabon. Lire la suite sur le site du journal Le Parisien.

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