Fraude fiscale : « Beaucoup de gens savaient, il y a eu des complicités » accuse le sénateur PCF Eric Bocquet

Mardi 10 février 2015

Fraude fiscale : « Beaucoup de gens savaient, il y a eu des complicités » accuse le sénateur PCF Eric Bocquet

Public Sénat / François Vignal Le 09.02.2015 à 18:19

L’affaire « SwissLeaks » sur l’évasion fiscale confirme que « les banques sont au cœur de ce système » selon le sénateur PCF Eric Bocquet, rapporteur d’une commission d’enquête du Sénat sur le sujet. Avec l’UDI Nathalie Goulet, il dénonce aussi l’optimisation fiscale, « sœur siamoise de la fraude », pratiquée par les grands groupes.

[…] Le journal a eu accès aux données bancaires de plus de 100.000 clients de la banque HSBC, dont plusieurs personnalités françaises, sur la période 2006-2007. « Ce n’est malheureusement pas une surprise » constate le sénateur PCF Eric Bocquet. Il avait été rapporteur de deux commissions d’enquête du Sénat sur le sujet, dont la seconde portait précisément sur le rôle des banques dans l’évasion fiscale. « C’est la confirmation de ce qu’on avait bien constaté. Les banques sont au cœur de ce système bien organisé » affirme le sénateur du Nord.

« On savait qu’il y avait ces 3.000 noms », rappelle la sénatrice UDI Nathalie Goulet, qui était vice-présidente de la seconde commission. « La fraude fiscale est un sport national. Si vous tapez fraude fiscale sur le Net, il y a 10 liens de sociétés qui proposent une défiscalisation. Le rapport avait proposé de les interdire », souligne-t-elle. Nathalie Goulet, qui préside actuellement la commission d’enquête du Sénat sur les réseaux terroristes, ajoute que « l’évasion fiscale est souvent très proche du blanchiment et le blanchiment n’est jamais loin du terrorisme ».

[…] le sénateur communiste souligne que « le système de l’évasion fiscale s’adapte très vite. Du côté asiatique, à Singapour, à Hong Kong ou Doubaï, où on est moins regardant sur l’origine des fonds, ça se développe. La fraude se déplace. D’où la nécessité d’une action internationale coordonnée ».

[…] « Les paradis fiscaux sont très utiles pour les ventes d’armes au travers de commissions, ou pour un certain nombre d’activités. Beaucoup de gens utilisent les paradis fiscaux et les Etats ne sont pas les derniers à les utiliser ».

Son collègue communiste abonde et accuse : « Il y a eu de l’hypocrisie, voire du cynisme. Beaucoup de gens savaient. Il y a eu des complicités. J’en suis convaincu. Il faudrait cloisonner de manière hermétique le monde de la finance et celui de la politique. Il y a eu des affaires, comme celle de Cahuzac, qui ont montré que ce n’était pas le cas. Les intérêts des uns et des autres ne sont pas toujours cloisonnés. Il y a complicité ou du moins complaisance ». Eric Bocquet souligne le poids « du lobby financier à Bruxelles. C’est le plus représenté. Ce sont des dizaines de millions d’euros ». Lire la suite.

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