Les très protégés clients mystères de HSBC

Mardi 10 février 2015

Les très protégés clients mystères de HSBC

LE MONDE | 10.02.2015 à 11h44 • Mis à jour le 10.02.2015 à 18h35

Au moment où il prenait la fuite au nez et à la barbe de la justice suisse, à la veille de Noël, en 2008, Hervé Falciani emportait avec lui la liste complète de tous les clients de la banque HSBC. Ou du moins le pensait-il.

Les données obtenues par Le Monde et partagées avec l’ICIJ, le Consortium international de journalistes d’investigation, montrent qu’une petite partie des clients ont peut-être pu conserver leur anonymat malgré la plus importante fuite de données de l’histoire du secret bancaire. La raison est simple : leur identité n’a jamais été introduite dans le système informatique de la banque. Leur nom ne figurait que sur des feuilles de papier, abritées dans un coffre-fort.

Sur les quelque 35 000 fiches client apparaissant dans les listings de la banque en 2007, normalement toutes nominatives, environ 130 n’indiquent le nom du bénéficiaire que sous forme d’initiales. C’est le cas de « Monsieur A. S. », par exemple. Citoyen français, son compte abritait l’équivalent d’un peu plus de 2 millions de dollars. Sa fiche client indique bien le nom de sa société offshore et précise qu’il était représenté par l’avocat genevois Marc Bonnant. Le champ indiquant l’identité du bénéficiaire contient ces mots en majuscule : « FORM A IN SAFE DG ».

L’astuce du formulaire en coffre

Cette note signifie que le fameux « formulaire A » – le document que les banques suisses sur lequel elles sont tenues de consigner le nom du bénéficiaire d’un compte – est soigneusement rangé dans le coffre, à l’étage de la direction générale. Interrogé par nos soins, Marc Bonnant a dit ne pas garder le souvenir d’un client aux initiales « A. S. ».

« A l’époque de la Republic National Bank d’Edmond Safra, raconte un ancien cadre, les noms des clients étaient enregistrés sur un ordinateur déconnecté du réseau, dans une salle bien gardée à l’étage de la direction. Seule trois personnes pouvaient y accéder. » Le directeur juridique s’y rendait en personne, une ou deux fois par semaine, pour effectuer les recherches demandées par la justice. La Republic National Bank a été rachetée par HSBC en 1999 pour 10,3 milliards de dollars, peu avant la mort d’Edmond Safra dans l’incendie de son appartement, à Monaco.

L’introduction des premières lois antiblanchiment, en 2000, ont contraint les banques à élargir toujours plus le cercle des personnes autorisées à y accéder. Dès le milieu de la décennie, il n’était normalement plus possible d’ouvrir un nouveau compte sans entrer le nom du client dans le système informatique. Normalement. « Nous avions conservé une possibilité pour certains clients qui ne souhaitaient pas que les services administratifs chargés de l’ouverture des comptes puissent voir leur nom », explique l’ancien cadre.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/02/10/les-tres-proteges-clients-mysteres-de-hsbc_4573451_3234.html#vd7DxSx5mXv2BVP7.99

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