« La parole de Birkenfeld a un poids énorme »

Samedi 28 février 2015

« La parole de Birkenfeld a un poids énorme »

Evasion fiscaleLe témoignage de l’ex-banquier dans l’enquête française contre UBS démontrerait que la stratégie était mondiale.

« Mon client ne communiquera pas sur l’affaire UBS en France. M. Birkenfeld est à Paris pour aider les enquêteurs dans leurs travaux sur les agissements d’UBS France. Entendu par le juge Guillaume Daïeff, Brad (ndlr. : Bradley Birkenfeld) est très soucieux de ne pas entraver la justice française. Mais il n’exclut pas d’évoquer UBS aux Etats-Unis, dont le rôle joué par Raoul Weil prochainement. » Au cabinet parisien Jean Reinhart, qui défend les intérêts de celui par qui l’affaire UBS a éclaté aux Etats-Unis, on gère sa venue dans la Ville Lumière avec zèle mais fermeté. Bradley Birkenfeld a reçu l’autorisation de la justice américaine de venir à Paris cinq jours pour être entendu « en qualité de témoin » par le juge Guillaume Daïeff, qui instruit l’affaire UBS France.

Et c’était, vendredi, le jour J dans les bureaux du juge au prestigieux pôle financier du Tribunal de grande instance de Paris. Au 5, 7 rue des Italiens, le magnifique immeuble posthaussmannien, qui abrita pendant près d’un demi-siècle la rédaction du Monde, est surmonté d’une monumentale horloge. Le temps ici, dans cette rue très calme en léger retrait des grands boulevards, semble suspendu. Aussi l’audition de Bradley Birkenfeld a été longue.

[…] Mais ce n’est pas tout ! Selon l’enquêteur Antoine Peillon, auteur du livre Ces 600 milliards qui manquent à la France, lui-même entendu dans cette affaire, « c’est plus de 10 milliards d’euros qui ont été soustraits au fisc. Et UBS risque la fermeture de sa filiale en France, tant la direction française que suisse font preuve de mauvaise volonté et s’échinent à empêcher la réunion des preuves », avance Antoine Peillon.

De toute évidence, le juge français a passablement d’éléments à faire quittancer par Bradley Birkenfeld. Cela tombe bien, les mécanismes de la prospection et de l’évasion fiscale étaient les spécialités de l’ancien chargé d’affaires d’UBS qui, après avoir purgé une peine de prison de 30 mois – il vit sous le régime de la liberté conditionnelle – a reçu 104 millions de dollars de la part du fisc américain en tant que lanceur d’alerte. Pour mémoire, UBS a payé en 2009 une amende de 780 millions de dollars et livré les noms de 4450 clients américains. Cet épisode marque le début de la fin du secret bancaire suisse avec les Etats-Unis.

« La parole de Bradley Birkenfeld a un poids énorme. Son apport a été déterminant pour faire plier UBS aux Etats-Unis, dont les autorités lui ont donné raison », estime Stéphanie Gibaud. Lire la suite.

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