Le Genevois arrêté à Monaco doit verser une caution record

Dimanche 1er mars 2015 — Dernier ajout jeudi 12 mars 2015

Le Genevois arrêté à Monaco doit verser une caution record

Marchand d’art Le marchand d’art suisse Y.B. a été libéré moyennant une caution à verser de 10 millions d’euros. Il a été laissé libre de quitter la principauté.

Selon une source proche du dossier, l’homme d’affaires genevois, connu dans le monde de l’art, a été mis en examen pour « escroqueries » et pour « complicité de blanchiment »à l’encontre de sociétés du milliardaire russe M. Rybolovlev .

Placé sous contrôle judiciaire, il a été laissé libre de quitter la Principauté, à condition de verser une caution de 10 millions d’euros. La somme pourra être versée de manière « échelonnée », ont indiqué ses avocats.

Complice présumée de M. Bouvier, une Suissesse résidant à Monaco et amie de la famille Rybolovlev a également été inculpée (mise en examen, ndlr) pour « blanchiment » et placée aussi sous contrôle judiciaire.

D’après un connaisseur de l’affaire, Y. B. est soupçonné d’avoir établi « des documents mensongers » lors de ventes de tableaux de maîtres à la famille du patron de l’ASM.

2% de commission

Il aurait ainsi revu à la hausse le prix réel demandé par le vendeur d’un tableau, souvent représenté par une société offshore, en empochant la différence sans que la famille Rybolovlev le sache au moment de l’achat. Y.B. touchait officiellement une commission de 2% pour son travail d’intermédiaire.

Sa complice présumée est soupçonnée d’avoir perçu des commissions secrètes versées par Y. B. à l’occasion d’achats de plusieurs tableaux par des sociétés appartenant au milliardaire russe.

Une collaboration de plus de 10 ans

Les avocats du marchand d’art ont souligné samedi dans un communiqué que leur client a été « laissé libre » à l’issue de sa garde à vue entamée mercredi.

« Nous faisons confiance aux autorités monégasques pour mener à terme avec succès cette procédure », a pour sa part commenté Tetiana Bersheda, avocate de sociétés liées à la famille Rybolovlev, qui ont déposé plainte à Monaco.

Elle a indiqué avoir connaissance « d’autres victimes d’agissements similaires d’Y.B. » et étudie l’ouverture de « procédures parallèles ».

L’avocate avait précisé cette semaine que le marchand suisse avait travaillé « pendant plus de dix ans » avec la famille russe.

Des tableaux de maîtres

Il est soupçonné de leur avoir vendu de manière frauduleuse des dizaines de tableaux de grands maîtres (Picasso, Modigliani, Gauguin, Degas, Léonard de Vinci), a indiqué cette semaine le parquet de Monaco, muet samedi.

Y.B est PDG d’une société familiale suisse spécialisée dans l’entreposage et les services pour œuvres d’art. Il est aussi un grand locataire des Ports francs genevois, vastes entrepôts en zone franche non taxée, un modèle d’affaires qu’il a transposé au Luxembourg et à Singapour.

En France, il finance entièrement un projet de « micro-ville artistique » sur l’île Seguin à Boulogne-Billancourt, près de Paris.

Les avocats du marchand d’art avaient laissé entendre jeudi que l’affaire, complexe, pouvait être liée au fracassant divorce de l’oligarque russe.

Le divorce le plus cher du monde

« Sous couvert de trusts chypriotes ou de sociétés étrangères, M. Rybolovlev se réclame à Monaco de la propriété de tableaux, propriété que, pour les besoins de son divorce, il conteste pourtant devant les juridictions genevoises. Il allègue à propos de leur vente, conclue en bonne et due forme, des manœuvres imaginaires qui résultent de l’évaluation unilatérale et hautement contestable qu’il en propose », avaient-ils attaqué.

Le milliardaire russe a défrayé la chronique à l’occasion de son divorce, jugé en mai 2014 à Genève, avec Elena Rybolovlev. Celle-ci a obtenu 4 milliards de francs suisses, soit la moitié de la fortune du milliardaire.

Mais la saga de cette rupture hors norme est loin d’être close. Une partie de la fortune de Dmitry Rybolovlev a été transférée dans des trusts hors de Suisse, notamment à Chypre, avant que son épouse l’attaque en justice.

Le milliardaire a fait fortune dans la potasse, en vendant Uralkali, l’un des plus grands fabricants de potassium au monde. Ce grand amateur d’art et d’immobilier de prestige s’est installé en 2011 à Monaco, où il a pris le contrôle de l’ASM et en a refait à coup de millions une vedette du championnat de France.

(afp/Newsnet)

(Créé : 28.02.2015, 20h25)

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