Dmitri Rybolovlev, l’oligarque au masque de glace

Vendredi 6 mars 2015

Genève vendredi 06 mars 2015

Dmitri Rybolovlev, l’oligarque au masque de glace

Par Sy. B.

L’homme qui accuse Yves Bouvier d’escroquerie est un oligarque inflexible. Mais aussi un homme seul, très dépendant de ses hommes ou femmes de confiance

Quel genre d’homme faut-il être pour attirer chez soi un ami de dix ans, lui faire passer les menottes par surprise, puis l’accuser publiquement d’escroquerie alors qu’il est encore en garde à vue au poste de police ?

Sans doute un homme de la trempe de Dmitri Rybolovlev : rusé, impassible, implacable aussi dans la vengeance. Mais l’oligarque russe, qui prétend avoir été abusé par le transporteur d’art genevois Yves Bouvier lors de l’acquisition de sa collection de tableaux, a aussi des points faibles. Ils expliqueraient son apparente naïveté dans l’affaire qui l’oppose au marchand d’art et patron de Natural Le Coultre

[…] Il fait son premier million en important de la bière, puis rachète la mine de potasse Uralkali à Berezniki, 1500 kilomètres à l’est de Moscou. Emprisonné onze mois sous une fausse accusation de meurtre, il refuse de céder son entreprise et réussit à moderniser son usine. Après son entrée en bourse à Londres, en 2007, la mine estimée à 15 millions de dollars en l’an 2000 vaut 34 milliards grâce à la flambée des cours de la potasse, utilisée pour fabriquer les engrais agricoles. En 2010, il revend ses parts dans Uralkali à d’autres oligarques pour au moins 6,5 milliards de dollars.

[…] Aujourd’hui âgé de 48 ans, Dmitri Rybolovlev a toujours su saisir les chances que le destin lui offrait. En Russie, il a noué les bonnes alliances pour protéger son empire minier des appétits de l’Etat ou du crime organisé. En 1995, lorsqu’il se sent trop menacé, il exile sa famille à Genève, où il résidera par intermittence jusqu’à son départ pour Monaco en 2011. Il continue de vivre entouré de gardes du corps et ne se déplace jamais sans limousines d’escorte.

[…] Ailleurs, il saura aussi trouver les bons relais d’influence : à Chypre, en devenant premier actionnaire de la banque la plus importante du pays ; à Monaco, en achetant le club de football de la Principauté avec la bénédiction du souverain Albert II.

A Genève, par contre, il ne trouvera jamais les clés pour se faire accepter, son échec le plus retentissant restant son divorce. Son ex-femme Elena, qui réside au bout du lac, réclame près de la moitié de sa fortune évaluée à 9 milliards de dollars. La justice genevoise a donné gain de cause à l’épouse, mais l’affaire est encore pendante en appel.

Retiré pour l’essentiel des affaires, Dmitri Rybolovlev passerait désormais son temps à investir dans des objets de prestige : yacht de 67 mètres (le My Anna ), avions privés (il en utilise quatre, dont un Falcon 7X et un Airbus A319), chalets à Gstaad… L’appartement de sa fille Ekaterina, acheté 88 millions de dollars en 2012, était le plus cher de New York. Le sien à Monaco, ancienne demeure du banquier Edmond Safra, serait le plus cher au monde : 240 millions d’euros. Via des trusts, il a aussi acquis l’île de Skorpios, ancienne propriété du magnat grec Aristote Onassis. Lire la suite sur le site du journal Le Temps.

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