Rififi dans le petit monde de l’art genevois

Jeudi 12 mars 2015

Rififi dans le petit monde de l’art genevois

Le Point - Publié le 12/03/2015 à 08:14 - Modifié le 12/03/2015 à 11:23

EXCLUSIF. Derrière l’affaire d’escroquerie aux tableaux dont a été victime le propriétaire de l’AS Monaco se profile l’ombre du grand banditisme français.

Par Mélanie Delattre et Christophe Labbé

À Genève, le petit monde de l’art est en émoi. Hier, une descente de police a eu lieu dans les bâtiments des ports francs, où sont entreposées plus d’un million d’œuvres gardées à l’abri des regards indiscrets. Les enquêteurs ont également investi les locaux de la galerie Nelombos à Genève, spécialisée dans les grands noms de la peinture moderne, de Picasso à Soulages.

Ces perquisitions font suite à la plainte déposée par Dmitri Rybolovlev, propriétaire de l’AS Monaco, contre Yves Bouvier, patron de la société Natural Le Coultre, plus connu sous le surnom de « roi des ports francs ». Le milliardaire russe accuse l’homme d’affaires suisse - qui a fait fortune dans le transport et l’entreposage des œuvres d’art à Genève - d’avoir empoché des commissions indues sur des achats de tableaux. L’intermédiaire genevois, chargé par le magnat russe de l’aider à se constituer une collection, aurait surfacturé à des sociétés détenues par Rybolovlev deux toiles de maître, le Salvator Mundi attribué à Léonard de Vinci et le Nu au coussin bleu de Modigliani, comme le relatait Le Temps le 6 mars dernier.

[…] Les enquêteurs, qui soupçonnent Bouvier d’avoir bénéficié de complicités, sont sur la piste d’une escroquerie en bande organisée. Dans leurs radars : une femme, amie proche de la famille Rybolovlev, qui aurait pu jouer les rabatteuses. Et surtout un marchand d’art, Jean-Marc Peretti, propriétaire de la galerie Nelombos à Genève. Ce Français installé en Suisse, dont la galerie a été longuement perquisitionnée hier, était l’associé de Bouvier dans le Luxembourg Freeport, nouveau port franc de 22 000 mètres carrés. Présenté dans le projet comme « un avocat d’affaires suisse », Peretti semble davantage lié au grand banditisme corso-parisien qu’au barreau genevois, où son nom est inconnu.

Un nouveau scandale financier à Genève ?

D’après les informations du Point.fr, Peretti était en effet le directeur des jeux du Cercle de l’industrie et du commerce à Paris lorsque ce club a connu des démêlés judiciaires. Un poste qui lui avait valu en 2008 une visite de l’Office central de répression de la grande délinquance financière et une mise en examen pour blanchiment et exercice illégal de la profession de banquier en bande organisée… L’affaire a tourné court en raison de vices de procédure, mais la police a continué à s’intéresser à Peretti, entendu deux ans plus tard, en janvier 2010, dans le cadre d’une information judiciaire pour meurtre en bande organisée.

Comment l’ancien voyou s’est-il retrouvé à la tête d’une galerie exposant à Genève les plus grands noms de l’art moderne ? Quel a été son rôle dans l’ascension de Bouvier et le financement de ses méga-projets de ports francs, à Luxembourg, mais aussi à Singapour et à Hong Kong ? Ces questions, sur lesquelles planche actuellement la police, n’en finissent pas d’inquiéter le microcosme local, qui craint que le nom de Genève soit associé à un nouveau scandale financier, dans le discret milieu de l’art cette fois… Lire la suite.

Revenir en haut